L'histoire :
Le carrefour : Chaque jour, Junjun traverse le même carrefour d’une grande ville. Et à plusieurs reprises, elle a évité comme par enchantement à un grave accident. Quelqu’un la protégerait-il ?
Linhof et Hai’ou : Le vieux photographe Hai’ou meurt dans sa boutique. Au lendemain des funérailles, un vieil homme se présente à sa veuve et, choqué par cette nouvelle, il lui achète tout le stock des appareils restant à vendre. Qui est-il ?
Le bateau de papier : Zhou se souvient : enfant, il était tellement amoureux de sa voisine de classe, Hai, qu’il avait travaillé dur pour avoir le choix d’aller dans la même école qu’elle. Mais un prix en géographie avait fait basculer leurs destinées. Allait-elle devenir la géographe célèbre qui anticipera un tsunami ravageur et sauvera des milliers de gens ?
La sorcière du bazar : Les garçons du quartier craignent plus que tout la vieille tenancière du bazar du quartier, parce que son physique et son comportement l’assimilent à une sorcière. Mais ils sympathisent avec sa mignonne petite-fille, Jingjing. Jusqu’au jour où survient un tragique accident…
Le garçon à l’oreille coupée : Xin est un gamin dur-à-cuire. Il ne ressent aucune douleur, travaille mal en classe, et entretient des relations houleuses avec son père, tout aussi fermé. Il rencontre alors un curieux garçon à qui il manque une oreille…
La dernière attente et L’attente solitaire : « Binocles » est un passeur d’âmes. C’est-à-dire qu’il aide les morts récents à accepter leur sort et il les conduit vers l’au-delà. Il a une gentille assistante, « Petits-Yeux », dont c’est aujourd’hui le tour de passer à trépas, pour la dernière page de son registre. Mais Binocles ignore beaucoup de choses sur sa situation…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les lecteurs habitués aux récits asiatiques savent que les histoires en provenance de l’extrême orient sont souvent peuplées de fantômes et autres génies bienveillants. Dans une veine proche de ce que produit le studio nippon Ghibli en termes d’animations, le chinois Galo Zhao propose ici sept historiettes inscrites dans notre continuum contemporain, mais empruntes de nostalgie, de poésie, de bons sentiments et… de fantastique ! Anges gardiens, faux semblants, destins parallèles, passeurs d’âmes… Ces considérations ésotériques prennent corps au sein des cinq premiers récits indépendants, tout à fait agréables et sensibles. Puis elles se retrouvent vaguement synthétisées par les deux derniers, qui forment quant eux une histoire plus longue… et nettement plus tarabiscotée, voire hermétique. A chaque fois, Golo Zhao nous immerge dans des tranches de vie qui semblent pourtant parfaitement ancrées dans un contexte cartésien. Puis par des jeux de flashbacks, il nous exfiltre entre les bribes du réel, pour aborder le sens caché et fortement émotionnel des apparences. Les lecteurs fleur-bleue apprécieront, notamment le dessin d’une grande douceur et la générosité des protagonistes. Notons que cet épais album (172 pages) publié dans le sens de lecture européen, par un éditeur français, peut tout aussi bien trouver sa place au rayon manga…