L'histoire :
Années 1930, l’Europe sombre dans la folie des régimes totalitaires et le chaos politique. 1936 : la guerre civile d’Espagne oppose Républicains et partisans du dictateur Franco. Parmi les républicains, Robert Capa, un homme insouciant follement épris de Gerda Taro, une Allemande réfugiée politique. Au péril de sa vie, R. Capa tentera avec son Leica d’immortaliser un moment historique et douloureux, véritable prémisse de la Seconde Guerre mondiale. Robert Capa et sa femme Gerda rejoignent donc les troupes républicaines antifascistes. Première photo choc : celle publiée dans Vu, intitulée « Comment ils sont tombés », montrant un homme qui s’écroule dans un champs, les bras ouverts à la liberté. Puis Capa photographiera des civils en fuite sur les routes, les effets des bombes incendiaires, et des femmes seules au milieu des décombres, le reporter assumant pleinement son rôle dans la propagande pro-républicaine. Inventivité des cadrages et originalité des sujets furent au service d'un regard militant. Capa a cherché à montrer en quoi la guerre n’était que barbarie, tout en rendant hommage à ceux qui ont lutté pour la liberté, devenant par la même occasion « l’un des meilleurs et des plus grands photographes de presse du monde ».
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A mi-chemin entre le documentaire, la biographie et le témoignage historique, Tristes cendres donne à voir l’ascension insolente d’un jeune photoreporter, avec en toile de fond les terribles combats de la guerre d’Espagne, premier symbole de l’opposition entre démocraties et dictatures pendant l’entre-deux-guerres. Au cœur du conflit, on suit les premiers pas de Robert Capa dans le photojournalisme et son ascension, ponctuée par la mort tragique de sa femme, écrasée par un char Républicain. Il ne s’en remettra pas. Utilisant une bichromie bleu ciel-blanc et faisant le pari d’une narration éclatée, les auteurs tentent de capturer l’essence même de cette guerre en mêlant les styles graphiques (instantanés, images fixes, cadrages photographiques), en superposant époques et lieux, souvenirs douloureux et adieu aux rêves. Pour être franc, on se perd souvent dans la narration tant les aller-retours entre passé et présent sont fréquents. Néanmoins, par l’originalité du sujet et son traitement graphique, Tristes cendres sonne comme un témoignage de guerre instructif et éclairant sur une période finalement peu traitée dans les manuels, en plus d’être un hommage à l’un des plus grands photographes de l’histoire. Intéressant.