L'histoire :
Métropole de Blindzone, en 2053. Sous la tente d’un bar-squat installé entre deux immeubles, Marie, une pute, est abordée par trois mecs bien lourds. Ils veulent absolument coucher, pas elle. Elle a alors une idée : elle les envoie négocier avec son mac – en fait le premier type un peu costaud qu’elle repère alentour. L’homme, un gros barbu perdu dans ses pensées, n’accorde que peu d’importance à l’affaire. Il se lève et part, simplement. Marie en profite pour s’éclipser, et le rejoint à l’extérieur pour s’excuser. Mais elle est suivie par les 3 lourdauds et ne doit son salut qu’à l’intervention inopinée de Tony Power ! Ce super-héros local fait partie d’une bande de 4 gentils super-héros appelée l’« Elite ». Ils luttent pour la rétablir la justice et s’opposent notamment à la bande de Fritz Lüger, des super-héros méchants. Au cours de l’intervention, le barbu flanque un coup de poing à Tony Power, qui se retrouve KO, ce qui est tout simplement impossible… à moins que le barbu ne soit lui-même un super-héros ! Or, le chef de l’Elite, le célèbre Dragoñe a récemment disparu et le barbu atrabilaire affirme à Marie qu’il a perdu la mémoire. Marie lui propose alors de l’héberger…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Quand un auteur de chez Paquet (Rod, dessinateur de Murder et Scoty) rencontre un autre auteur de chez Paquet (Eco, auteur de Tommy Egg), ils se font éditer par… Carabas bien sûr ! Prévu en 3 tomes, Dragoñe propose un mélange de genres bienvenu : placer des personnages fantastiques (des super-héros) dans un décor de science-fiction, associé à la légèreté de ton d’une chronique sociale. En effet, c’est un peu la mode en ce moment en BD, de descendre les super-héros de leurs piédestaux, pour aborder leur quotidien, leurs petits problèmes (cf Paranormal, Comix Remix, les Passe-murailles). Ici, les quatre membres de l’Elite ont un siège social, high-tech et tout confort, avec un standard téléphonique comme chez les pompiers ! Ils ont même des gens super-efficaces pour s’occuper de leur super-promo (des affiches sur les bus, des opérations marketing évènementielles…). En ce sens, le scénario et les dialogues mis au point par Eco sont plutôt sympatoches : le ton est simple et nouveau, sans être niais. Dommage que quelques super-fautes d’orthographes subsistent ici et là. Côté graphisme, Rod met le tout en images de manière fluide sans trop se poser de questions. On sent à l’épaisseur des traits que certains passages ont été peaufinés, tandis que d’autres ont été plus rapidement exécutés (ex : le bas de la p.31 et le haut de la suivante). Ce léger manque de régularité n’empêche pas de passer un bon moment de lecture.