L'histoire :
Cette fois sa décision est prise : elle part. En dépit des prières de l’homme, la jeune femme le repousse. Une première claque. L’homme s’emporte et la frappe à son tour violemment. Trop violemment ? L’homme a beau se lamenter, la jeune femme gît inanimée, en sang… Dans la poche du gitan, son mobile sonne. Dans la caravane, Eva et ses compagnons écoutent : d’après Angel, l’Irlandais a retrouvé les Italiens et Lou qui se planque dans un hôtel, boulevard Saint-Michel. Précipitamment, un petit groupe armé saute dans une voiture, Dimitri, Pipo à l’avant, Pepe et un étrange colis drapé sur la banquette arrière… Samedi midi, Sean est attablé à la terrasse d’un café. Pendant sa convalescence, son ami Mike a localisé pour lui Tony, Vito et les autres. Il n’y a plus qu’à attendre qu’ils rentrent car, pour l’instant, seuls son oncle et Marco sont dans leur chambre. Cela fait déjà une semaine que l’accident tragique a eu lieu. L’air est moite, le temps lourd, à l’orage. Surtout, qu’ailleurs, dans l’arrière boutique d’un magasin chinois, après avoir sniffé quelques lignes de poudre, Tsu et Ronny partent en chasse. Bientôt, tous seront fixés…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Arnaud Guillois ne fait pas dans le sentiment. L’Irlandais se présente comme un polar musclé dont l’intrigue nous est livrée sans pincettes, brute de décoffrage. Du moins, est-ce la première impression qui ressort à la lecture d’un dénouement rondement mené. La qualité intrinsèque d’un récit policier réside dans sa construction : surtout, « bien finir » ! En sus, l’efficacité de celui-ci s’enrichit d’une ambiance sombre renforcée par des cadrages très étudiés (en termes cinématographiques, la photographie est réussie). Les encrages surlignent un trait réaliste et dynamique, habillé de couleurs ternes, au mieux rouge sang. « En rouge et noir »… Deux kaléidoscopes, en ouverture puis avant de conclure, résument en deux planches, quelques vignettes muettes, l’affaire en suspens : preuves d’une histoire parfaitement maîtrisée. Par ailleurs, des références à une triste actualité (la canicule meurtrière d’un été passé, pl.37) installent un peu plus les personnages dans un quotidien « vrai » et violent. Pourtant, au final, à l’heure des comptes, la note aurait pu être plus salée. Aucune des nationalités n’est épargnée mais toutes (ou presque…) sauvent la face. L’Irlandais, acteur et narrateur privilégié, a-t-il séduit son créateur au point de lui communiquer son empathie ? Toute complicité préserve une certaine intimité salutaire. « Bien finir » ? Contrat rempli. S’il fallait suggérer une approche afin de vous donner l’envie, un choix possible se porterait sur le Tueur et Du plomb dans la tête, un mixte des deux séries maîtresses scénarisées par Matz. Sinon, Sean semble un « héros » désormais bien campé, tout juste rescapé d’un bizutage musclé : peut-être le retrouvera-t-on en terre d’Irlande?