L'histoire :
Devant eux, la montagne s’étend à perte de vue. Sur les pentes formant la vallée, sur le versant ombragé (l’ubac), Guilhem et son père gardent leur troupeau. Un mouton vient à se perdre et le jeune homme part alors un moment le rechercher. Lorsqu’il revient, le chien ne cesse d’aboyer, comme prêt à se défendre. Sûr, quelque chose, quelque chose de terrible (!), l’effraie. Remontant vers la crête, Guilhem voit le ciel s’assombrir, se charger de fumée noire et prendre une couleur sang croissante. Des cris horribles le déchirent aussi. Le berger a tout juste le temps d’entrevoir des flammes et une forme gigantesque volant au-dessus du village, puis c’est le noir. A son réveil, le hameau n’existe plus. Plus rien de vivant, végétal ou animal, n’a d’ailleurs échappé au massacre. Le paysage est calciné. Un vieil homme est là cependant qui lui parle. S’il souhaite vivre, il faut à Guilhem accompagner celui qui se dit le chevalier Bertrand, dernier survivant de l’armée du Baron De Montmor qui chassa le dragon. Ensemble, ils doivent reprendre la quête de la bête, en marge du reste de leurs congénères. Car tous deux ont survécu au monstre, c’est donc qu’ils sont aimés du Malin et craints du genre humain qui n’aura de cesse que de les traquer pour les tuer…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Connu pour ses récits « glam-rock-gothique-punk » (sic), Gabriel Delmas est aussi capable d’épopée (Totendom) et donc de « fantasy » au sens le plus classique du terme. Secondé par Joseph Lacroix au dessin (dont c’est le deuxième album après l’Encyclopédie du Mal), il signe un récit d’aventures et d’apprentissage au cœur d’un Moyen-âge ténébreux. Une série qui sent d’emblée le souffre au regard du sujet traité : la figure fantasmagorique du Dragon. Autour, donc, de la figure du fantastique animal vont se greffer des éléments empruntés à l’Histoire mêlant ainsi rêves et réalités. On y retrouve par ailleurs des accents déjà aperçus en bande dessinée avec le Marquis d’Anaon ou, plus sûrement, chez Messire Guillaume. Avouez qu’il y a pire comme parenté… Graphisme et rythme de narration prêtent aussi au rapprochement, sobres et épurés, à la fois d’une retenue et d’une modernité confondantes. La mise en couleur n’est pas en reste et apporte une touche crépusculaire, exotique ou noire, selon l’ambiance de la planche. Laetitia Schwendimann livre un travail en tout point remarquable ! Une couverture ne saurait trahir, la majesté tragique du récit l’emporte sur un mystère naissant. Plus que le sujet, c’est son traitement qui retient l’attention et en cela notre trio d’auteurs parfaitement en symbiose a réussi pleinement. Reste à croire au destin de ce jeune homme en proie à la violence d’un monde flamboyant…
