L'histoire :
Dans les années 70 dans la région de Marseille, un chimiste – excellent, paraît-il – raffine de la coke à l’intérieur d’un anodin pavillon de campagne. Un joli business est en train de se préparer avec un gros bonnet du banditisme new-yorkais : un demi million de dollars, cash, avec en plus un pourcentage sur les ventes. Il ne s’agirait pas qu’un petit flic français fourre son grain de sable dans cet engrenage prometteur. Une idiote sortie de route, dans un ravin, et on n’en parle plus. Au même moment à New York, Ruden et Dumpee, deux flics teigneux, serrent un petit dealer. A l’aide de leur méthode virile, ils le font instantanément parler sur son fournisseur. En remontant la piste, ils finissent par repérer le grand boss de la drogue pour le quartier. La mâchoire pleine de dents en or et des manières expéditives, il se fait appeler « Ciaro » dans le milieu. C’est décidé, Ruden et Dumpee ne le lâcheront plus d’une semelle. En dépit de ce professionnalisme, le tandem n’est pourtant pas irréprochable. A moitié alcoolo, Ruden roupille le plus souvent sur le zinc d’un bistrot et ses activités sont surveillées de près par la police des polices…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce nouveau polar intégralement signé Lounis Chabane s’inscrit dans les mêmes unités de lieux, de temps et de propos que le film French connection. En résumé : de la drogue conditionnée à Marseille est sur le point de traverser l’Atlantique pour abreuver le marché new-yorkais, mais heureusement deux flics américains obstinés veillent. De ce sujet certes pas novateur, Chabane tire un polar fort correct, qui n’a strictement rien à voir avec Ligue zéro, son premier album solo chez Soleil. Bien que très morcelé, le scénario fait montre ici d’une plus grande maturité narrative et d’un propos autrement plus réaliste. Son dessin, surtout, a pris une toute autre dimension, même s’il demeure peut-être encore un peu « jeune » par certains aspects. Les encrages noirs prennent de la profondeur au fil de l’album, et les dernières planches, très contrastées, jouant de mieux en mieux sur les clairs-obscurs, font penser aux auteurs de comic books policiers d’outre atlantique. Ce premier volet n’aurait-il d’ailleurs pas mérité un traitement uniquement noir et blanc ? La mise en couleurs, très sobre, uniquement composée de 4-5 teintes maximum par case, en aplats délavés, va dans ce sens…