L'histoire :
L’enquête fut longue, extraordinaire, mais depuis l’arrestation du commissaire Simon, les crimes du troisième oeil ont cessé. Benjamin Jamet, Emilie Frau et leur compagnon à quatre pattes Newton, font désormais route vers de prochaines aventures à l’autre bout de la galaxie. A bord d’une soucoupe volante, ils approchent de leur planète d’origine d’où ils embarquèrent pour la Terre encore bébés. Mais aux abords d’une lune satellite, ils sont attaqués par des vaisseaux extraterrestres, touchés par les tirs et contraints à un atterrissage en catastrophe. L’histoire se répète pour nos héros. Heureusement, une tempête de sable empêche l’ennemi de les localiser. Ils ne sont pas pour autant tirés d’affaire : voici des siècles qu’ils ont quittés cette planète, ils n’en conservent aucun souvenir et, qui plus est, tout a dû changer ! Il ne leur reste plus qu’à suivre d’étranges tuyaux par delà une étendue désertique à perte de vue, à la recherche d’une quelconque trace de vie humaine…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En SF peut-être plus qu’ailleurs, il est difficile de se renouveler. Les thèmes du genre tournant toujours autour du devenir de l’humanité, l’important semble en fait de choisir un angle de traitement pertinent. Nourri à l’école « comics » américaine, classique et contemporaine (Torpedo, Hellboy), Dave aime raconter, s’évader « aux frontières du réel »… Afin d’échapper aux clichés, surprendre et captiver, rien ne vaut une bonne vieille rétrospective de ce que l’art offre de meilleur. Entre SF et fantastique, policier et roman graphique, pourquoi choisir ? E.P. Jacobs enferme-il Blake et Mortimer dans un genre ? Non, chaque album recèle sa part de mystère. Un goût prononcé pour le progrès scientifique n’exclue point le surnaturel. De même à la lecture de Planète immobile, les références affluent et se bousculent, sans qu’il soit possible d’y apposer une étiquette (la Planète des singes, la Guerre des mondes…). L’univers proposé ne ressemble à rien de précis. Pourtant, tout baigne dans une ambiance « New-Age » où les camps occupent des positions très clairement identifiées. Le temps paraît s’être arrêté. Une société morale et manichéenne, un héros un brin macho, une histoire simple à l’efficacité optimale ! Le trait noir et blanc ne tombe jamais dans la facilité et habille une intrigue entre ombres et lumières. Qu’il est délicat de décrire une alchimie originale ! Rebondir sur l’imaginaire populaire tout en y apportant sa touche personnelle, inimitable, sans doute est-ce là la marque des Grands. L’auteur se définit lui-même comme un clone du Docteur Jeckyl, graphiste et publicitaire le jour, Mister Hyde la nuit, à dessiner les projets les plus loufoques qui lui trottent dans la tête. Il a fallu attendre deux ans pour apprécier cette nouvelle aventure « rétro-anticipée » du chasseur d’E.T. : la patience est souvent gage de qualité. En SF, il reste donc difficile d’innover, mais Dave et Benjamin Jamet viennent sans doute d’une autre planète…