L'histoire :
De nos jours, dans une forêt attenante au lac Michigan, un chasseur se fait descendre par un inconnu, qui s’éloigne en chantonnant Over the rainbow… Quelques jours plus tard, une jeune et charmante sergent de police débarque dans la petite ville de Paradise pour enquêter sur une « crise locale ». Elle s’arrête sur la route, à la lisière d’une forêt, pour venir en aide à un homme dont le véhicule vient de heurter un gros sanglier. L’homme dit s’appeler Cornélius et être dans le coin à des fins de recensement ornithologique du biotope. Peu bavard, il se laisse conduire en ville avec une certaine circonspection par la fliquette, tandis qu’un dépanneur, Bud, alcoolique et un peu rustre, les suit avec le véhicule endommagé. A l’arrivée au garage de Bud, tandis que la fliquette repart, Cornélius a un malaise. Bud met cela sur le compte de l’accident et les deux hommes sympathisent. Cornélius est venu à l’appel du maire de Paradise, pour l’aider à étouffer une mystérieuse affaire de meurtres en série, afin de protéger son petit « business local ». Vu le contexte, avec la présence de la fliquette dans la ville, la marche de manœuvre est loin d’être évidente…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les éditions Carabas nous avaient habitués à des œuvres « artistiquement décalées »… Welcome to paradise se présente néanmoins d’emblée comme un p’tit polar rural américain, maîtrisé et classiquement réalisé, très accrocheur. Le scénariste Dobbs se complait à conserver le plus longtemps possible des informations sensibles… et le suspens s’en trouve logiquement augmenté. Par exemple, on parle de « business local », de garder « le truc » sous contrôle… sans savoir exactement ce qu’il est important de dissimuler à la fliquette… dont on ignore le nom ! Mais Dobbs gère savamment son scénario et lâche progressivement du lest, notamment sur le personnage de Cornélius et sur le sens de sa présence dans cette charmante bourgade. Si les dialogues sonnent crédibles et maîtrisés, la narration sait aussi s’en affranchir lors de scènes muettes qui œuvrent beaucoup pour renforcer l’atmosphère de tensions. Quelques indices incongrus, lâchés tels que, comme l’importance de la myrtille ou un test de grossesse positif, font parfois penser à la série TV Twin peaks. Pour l’ambiance et le registre rural sordide global, ce premier tome rejoint plutôt la récente trilogie BD Welcome to Hope (Bamboo). Autodéterminé « presque débutant » dans ses remerciement du début, le dessinateur Guglie (alias l’italien Simone Guglielmini) montre pourtant lui aussi une belle maîtrise de ses encrages réalistes. Certaines planches plus bancales que d’autres auraient certes eu besoin de plus de temps pour des retouches, mais pour une première œuvre, c’est extrêmement encourageant ! Bref, cette mise en bouche convainc totalement et le cliffhanger (so cruel !) nous donne très envie d’en connaître entièrement les engrenages et le dénouement…