L'histoire :
Paris est sous les eaux, victime d'une inondation jamais vue. Ses habitants se déplacent dans des barques qui passent sous les pieds de la tour Eiffel. Dans ce panorama improbable, Eddie cherche comment rembourser 20 000 francs de dettes de jeu. Sa compagne Agatha a résolu de vendre ses charmes pour aider le couple à sortir de l'impasse et poursuivre leurs rêves d'avenir. Mais les deux amoureux en font le constat sur une embarcation qui se balade dans le soir parisien : ils sont très loin du compte. En passant devant le fronton d'American Express, Eddie a une idée simple, mais a priori lumineuse. L'inondation a forcément endommagé les systèmes de sécurité de la banque, les coffres sont nécessairement fragilisés par les eaux qui ont tout envahi. Il propose alors à sa compagne le casse qui va marquer l'histoire de cette année 1910. Il réunit une équipe de petites frappes, utilise Agatha pour s'introduire dans la banque, et passe à l'acte sans craindre à aucun moment d'échouer. La suite des événements va prendre pour lui une tournure totalement imprévue...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Xavier Coste poursuit son travail d'illustrateur doué dans le monde de la BD. Après Egon Schiele et Rimbaud l'Indésirable, il s'attaque pour la première fois à la construction d'un scénario inédit, qui trouve son inspiration dans les inondations parisiennes de 1910. Pas facile de prendre une autonomie totale, pour un artiste dont les planches peintes laissent avant tout libre cours à une expression visuelle qui prend le pas sur la tension scénaristique. L'auteur réalise des planches parfois très belles, mais change sans cesse de mise en page, et propose des contours de cases aux enluminures rétro qui captent de manière injustifiée l'attention du lecteur. Son intrigue emmène ses héros très loin du simple hold-up initial, et voit ses événements se diluer, donnant à l'ensemble un coté superficiel qui exclut toute densité et toute forme d'immersion. A la dérive est donc un album très beau à regarder, le visage d'Agatha en couverture a la beauté classique des femmes de Paul Gillon, mais le lien avec le lecteur s'arrête à cette beauté visuelle. Il faut néanmoins ouvrir ses pages pour découvrir un style graphique qui mêle le classique des formes et la modernité des couleurs. Et peut-être tenter le plongeon dans les eaux bleues, jaunes ou grises de la Seine.