L'histoire :
En juillet 69, un homme à casquette planque sa Mustang rouge à proximité d’une luxueuse villa, dans un coin paumé de Floride. Un flingue à la main, il attend le propriétaire sur une chaise ombragée de sa terrasse, au bord de sa piscine. Lorsque ce dernier rentre enfin, insouciant, l’homme à casquette le menace et montre son visage. Il est venu réclamer justice. Sa cible panique. 24 ans plus tôt, en mars 1945, la ville de Berlin est en ruines et en flammes, en raison des bombardements alliés. La fin de la guerre est proche, le Reich est en pleine débâcle. Les officiers et dignitaires du parti Nazi organisent désormais plus leur fuite qu’ils ne cherchent à résister. Un gradé SS nommé Geisel a notamment préparé un mystérieux plan pour exfiltrer vers l’Autriche, puis l’Amérique du sud, des lingots d’or et une jeune femme, Solveig, la fille du docteur Hënzel, en se servant d’un ancien camarade, Aurelius. Or au même moment, le savant Von Braun cherche lui aussi une porte de sortie pour lui et pour ses précieux travaux sur la fusée V2, plutôt vers l’Ouest américain que vers les communistes de l’URSS. Et toujours au même moment, Nathan et Nadia, deux jeunes juifs internés dans le camp de concentration de Dora, s’apprêtent à s’évader…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Philippe Jarbinet nous propose de nous engager dans un quatrième diptyque d’Airborne 44, une série qui focalise sur divers fronts de la seconde guerre mondiale. A chaque duo d’albums, les protagonistes et les contextes sont différents. Cette fois, nous suivrons côté allemand les derniers mois de la guerre dans la région de Berlin et du camp de concentration de Dora, où les prisonniers fabriquaient les fameux missiles V2 mis au point par Wernher Von Braun. Le personnage central est un ancien SS repenti, Aurelius, qui va servir de protecteur à différentes exfiltrations. La façon narrative de Jarbinet est proche de celle de son compatriote Philippe Richelle : il agrège des séquences distinctes, sans longues présentations concernant leurs protagonistes, qui finissent par faire sens et se regrouper à la fin de ce premier tome. Ainsi, après une introduction justicière en flash-forward de 5 planches située en 1979, on remonte le temps en 1945. On découvre alors au gré des séquences les personnages d’Aurelius (le héros), Geisel (organisateur de fuites), Solveig (jeune et belle blonde), Nadia et Nathan (juifs évadés), Jörg, (adolescent allemand rebelle), Stadler (scientifique porteur des plans du V2)… De mauvaises rencontres, en planques et en bombardements, ils vont s’employer ensemble à traverser, vers l’Autriche, une Allemagne en pleine débandade et recouverte par la neige. La guerre, la neige et le feu façonnent forment souvent bon ménage, visuellement parlant. Le dessin est toujours au top-niveau de la couleur directe à l’aquarelle, notamment en ce qui concerne les décors documentés et réalistes – moins concernant les faciès des personnages, qui se ressemblent tous un peu…