L'histoire :
En mars 1945, tandis que les forces alliées ont avancé bien au-delà de la ligne de front, la débâcle allemande est bien entamée. Dans ce contexte délétère, Aurélius, ancien officier SS repenti, a été missionné pour exfiltrer un savant, Stadler, vers les USA. A l’instar de son supérieur, Werner Von Braun, qui a travaillé sur les terribles missiles V2 et organise sa fuite pour travailler bientôt à la NASA, Stadler compte sur son savoir pour obtenir son immunité. La mission d’Aurélius consiste à escorter ce renégat en camion, à travers un large territoire ennemi perclus de bombardements. Aurélius est aidé en cela par une espionne allemande au service des anglais, Solveig, et par un jeune homme à fort caractère, Jörg, qui lui rappelle son jeune frère. Ensemble, ils aident aussi un frère et une sœur juifs évadés du camp de concentration de Dora-Mittelbau, Nathan et Nadia. Eperdus et apeurés, ces deux-là viennent de prendre la poudre d’escampette. Ils doivent leur survie à l’intervention d’Aurélius et Solveig, qui les sauve in extremis d’une interception par une patrouille allemande. Pendant ce temps, les officiers nazis commencent à comprendre qu’ils sont en train de se faire avoir par une double exfiltration…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Philippe Jarbinet termine ici son 4ème diptyque sur la seconde guerre mondiale, qui prend pour époque le mois de mars 1945, et pour cadre le centre de l’Allemagne, à l’heure de la débâcle allemande. Cet arc narratif focalise à la fois sur le repenti de certains nazis (le héros, Aurélius), mais aussi sur la fuite des « cerveaux » comme Von Braun et Stadler, qui ont aisément négocié leur impunité contre la poursuite appliquée de leurs recherches au profit des américains. Ce n’est pas spoiler que de révéler que ce tome 8 se termine par le flashforward déjà aperçu au début du tome 7, avec une étape par le décollage de la fusée Saturn V et les premiers pas d’Armstrong sur la lune. Avant cela, l’intrigue continue d’être majoritairement tendue par le périple en territoire chaotique de nos héros fugitifs et composites. Ni nazis, ni totalement alliés, ils ambitionnent de réussir un objectif plus qu’incertain. Jarbinet déroule toujours son histoire à partir d’une griffe artistique soignée, en couleur directe, à travers laquelle on peine juste parfois à distinguer les visages des protagonistes, qui s’appuient sur trop d’automatismes pour acquérir l’expressivité nécessairement attachante. Sur ce plan, Jarbinet est un peu victime du même syndrome que Hermann et Jean-Yves Delitte (qui ne sont pas les pires comparatifs…) : un talent fou pour la mise en scène, les proportions, les décors méticuleux, la colorisation pastel en couleur directe, mais une perte de finesse dans la « psychologie faciale ». La reconstitution historique demeure néanmoins de qualité, notamment en raison d’un grand soin porté aux éléments de costumes, véhicules et raccordement à l’Histoire authentique.