L'histoire :
Après avoir débarqué en Normandie, les G.I. américains ont repoussé les allemands jusque dans les Ardennes. Fin décembre 1944, il fait un froid de canard, il neige. Un soldat blanc clairement raciste, Jay, se retrouve une nouvelle fois à devoir faire binôme avec un noir, Virgil, qui ne se laisse pas insulter. Ils ont tous deux échappé à un massacre, et ont tous deux perdu leur unité. Ils ont trouvé une jeep abandonnée, avec un cadavre au volant, et ont réussi à la faire démarrer. Ils tentent désormais de rejoindre leurs lignes, vers l’Ouest, à travers les averses de neige. Et la situation d’entraide nécessaire les oblige à renfrogner leurs antagonismes et à faire plus ample connaissance. Toutefois, dès qu’ils croisent un groupe de 3 G.I. blancs et piétons, Virgil est prié de leur laisser la place à bord de la jeep et de poursuivre à son tour à pieds… et Jay ne moufte pas. Seul sur une petite route, à travers la grisaille, Virgil accepte l’aide d’un éleveur de moutons et de sa fille, qui le font monter à bord de leur camionnette. Mais plus loin, ils le déposent à une intersection, à une heure de marche de son objectif. Pendant ce temps, la jeep tombe en panne et les 3 soldats récupérés spolient Jay de ses vivres. Ce dernier reste comme un con au volant d’une jeep immobile, en rase-campagne… bientôt rejoint par Virgil. Qui a plus de talent de mécano que lui…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Suite et fin du 5ème diptyque pour Airborne 44, une série qui suit les soldats américains dans leur reconquête de territoire sur l’occupant nazi à travers l’Europe, après leur débarquement en Normandie. Dans le tome 9, nous avions fait connaissance des soldats Jay et Virgil, mus par un antagonisme réciproque. Evidemment, Jay est issu d’une famille raciste d’Alabama (son père est membre du KKK !), or Virgil est noir, d’Atlanta, et pas franchement disposé à se laisser traiter comme membre d’une race inférieure. Comme il fallait s’y attendre, la solidarité nécessaire dans les épreuves, la proximité de la mort à chaque recoin, les amènent dans ce tome 2 à devenir les meilleurs amis du monde et à reconsidérer leurs différences de couleur de peau. On vibre et on frissonne à leurs côtés, et pas que de froid, en dépit du décor totalement enneigé de ce T10. Le scénario de Philippe Jarbinet est certes un peu attendu, mais la reconstitution historique est de grande qualité et le fond du propos louable. Surtout, son dessin réaliste en couleurs directes est une nouvelle fois éblouissant. La grisaille de la météo restreint le spectre colorimétrique et le lavis vire logiquement au monochrome gris-bleu, définitivement sublime. C’est stupide à dire, mais on aimerait que cette guerre de reconquête se poursuive encore un peu à travers bien d’autres diptyques aussi flamboyants.
