L'histoire :
Lorsqu'il est encore tout jeune enfant, Aldobrando est confié par son père à un vieil homme qui avait une dette envers lui. Il lui reviendra de l'élever et d'en faire un homme, car son géniteur s'en va pour un combat singulier dont il n'imagine pas pouvoir sortir vainqueur. Bien des années plus tard, c'est un jeune homme très timide et pas vraiment débrouillard qui va prendre la route pour tenter de trouver l'herbe du loup, la seule qui pourra guérir son vieux maître d'une blessure à l’œil infligée par un chat récalcitrant au moment d'être plongé dans l'eau bouillante. Le vieillard n'aura pas eu le temps d'apprendre à son protégé un sortilège qu'il voulait lui transmettre. Le lendemain, le jeune homme rencontre un valet qui le prend sous son aile, en échange de ses services. Et tous deux arrivent dans un village où ils veulent s'abriter du froid et de la neige. Mais très vite, Aldobrando est arrêté. Les troupes du roi ont reconnu la lance qui a transpercé le dos du prince, désormais sur son lit de mort. Dans le cachot où il est enfermé, il va rencontrer successivement un faux prisonnier qui veut lui faire avouer le crime qu'il n'a pas commis, puis la reine qui veut elle aussi approcher la vérité. C'est finalement l'arrivée au cachot d'un homme à la carrure impressionnante, pieds et mains enserrés dans des chaînes, qui va temporairement le sortir d'affaire. Le colosse à une alliée dans la place...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
C'est une belle histoire hors du temps que Gipi et Luigi Critone racontent sur un ton léger mais avec un beau sens du suspense, des dialogues et de la mise en scène. L'album est long de 200 pages, ce qui laisse tout le temps au lecteur d'apprécier des personnages aux personnalités riches, dans un monde médiéval imaginaire plein d'enjeux cachés. Gipi cache avec efficacité ses intentions et nous laisse prendre chaque révélation avec plaisir, menant son récit exactement au rythme qu'il l'entend. Le dessin de Critone est remarquable d'aisance, démontrant qu'à chaque nouveau projet il peut faire sensiblement évoluer son trait vers plus ou moins de réalisme, avec à chaque fois un naturel confondant. Aldobrando a une vraie « gueule », dont l'innocence disparaît ostensiblement au fil de son épopée. La princesse est belle et son visage presque esquissé donne immédiatement le ton de son caractère. Les couleurs de Francesco Daniele et Claudia Palescandolo sont d'une vraie richesse, dans des tons finalement peu utilisés dans le franco-belge made in France. Les atmosphères sombres d'une fin de nuit d'hiver où le soleil écrasant d'une arène de combat sont rendues avec la même densité, sans effets superflus. La sensibilité de cette équipe italienne se retrouve dans ces héros et anti-héros de comédie aventureuse, spectaculaire, dont le scénario réserve de nombreuses surprises. Un one-shot réussi, tout public.