L'histoire :
L’été 1944, à Lyon, la concierge de l’immeuble, où se sont réfugiées Katarina et Maria, dénonce aux autorités la présence de « femmes de mauvaise vie ». Elles ont juste le temps d’apercevoir par la fenêtre la descente de police et se cachent une paire d’heures chez le voisin du dessus, l’élégant Monsieur Henri. Ce dernier sent le vent tourner et il tente ainsi de se racheter : il passe du statut de collabo avec les nazis à celui de protecteur de deux résistantes. Il les aide à sortir en catimini de Lyon et les installe dans son luxueux hôtel particulier, à la campagne. Une semaine plus tard, le collègue d’Henri à la Préfecture lui annonce qu’il démissionne. Lui aussi a retourné sa veste et a rejoint le camp désormais bien plus confortable des résistants. Il refuse de l’aider à intégrer son réseau. Le lendemain, ce collègue assassine Henri en bloquant sa voiture sur une route de campagne, alors que ce dernier était en train d’apporter des vivres à ses deux protégées. Elles parviennent à se débrouiller en achetant des produits de la ferme voisine, à un tarif prohibitif. En septembre, alors qu’elles apprennent à la radio que Lyon vient d’être libéré, un groupe de villageois armés tambourinent à leur porte. Elles tentent de s’enfuir par derrière…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Un quart de siècle après la publication de la première planche dans le magazine (A suivre), Amours fragiles se conclut. La seconde guerre mondiale est en effet terminée et nos héros – Martin, Katarina, Hilda – doivent se débrouiller sur le tas de ruine (métaphorique en couverture) qui subsiste. Les collabos d’hier se découvrent subitement résistants… ce qui engendre délations, corruption, vengeances et basses manœuvres criminelles. Les dégâts sont autant urbains, qu’économiques, psychologiques ou sentimentaux. Le mot « amours » du titre prend un nouveau sens pluriel : la résolution de ne plus jamais avoir de telle guerre, impose à nos nations européennes de s’aimer. Durablement, définitivement. Le contrat de mariage le plus équilibré possible est aujourd’hui sans cesse chahuté, mais il tient bon et il a abouti à la plus longue période de paix de notre continent. Tel pourrait être l’épilogue du scénario de Philippe Richelle, qui aura maintenu le cap du portrait-scanner de cette époque trouble. Sa narration à la fois froide, factuelle et subtile a toujours le don cruel de nous claquer la porte en pleine tension / révélation... ce qui accroit l’intérêt pour les intrigues. Le dessinateur Jean-Michel Beuriot aura lui aussi montré une belle régularité, avec une fine immersion dans le décorum de l’époque. Une grande série sur la seconde guerre mondiale est donc terminée et nous quittons logiquement nos personnages à regret. Mais merci aux auteurs d’avoir assuré l’excellence dans la psychologie des personnages sur la durée.
