L'histoire :
John et Zee sont dans le bureau du boss. Grâce à eux, la firme vient d’absorber un sérieux concurrent. Et tant pis si le dirigeant s’est suicidé au passage, ça fait parti des risques du métier. Pour les remercier, le boss leur offre à chacun un comprimé d’Angel Fire. Cette drogue absolue, très onéreuse, est réputée pour être un sédatif costaud doublé d’un hallucinogène puissant. Ça ouvre les portes vers un monde paradisiaque insoupçonné. Après deux jours de trip et de débauche totale, John rentre chez lui complètement défoncé pour s’apercevoir que sa femme Tessa a fait ses valises. Deux jours plus tôt, c’était en effet leur anniversaire de mariage. Ecœuré par son propre comportement, totalement perdu, John se défonce à l’alcool et aux ecstasys, pendant deux semaines, avant de retrouver Tessa morte dans une chambre d’hôtel. C’en est trop, il prend un assortiment d’Angel Fire et d’autres stupéfiants et… se retrouve dans le coma, à l’hosto pour 3 mois. A sa sortie, il est rappelé aux réalités par deux nouvelles antinomiques : ses divers créanciers l’ont criblé de dettes, et il hérite de la propriété écossaise de sa femme. Persuadé que Tessa a été tuée, que cela est lié à la dernière affaire pour sa boîte, il décide de se mettre quelques temps à l’abri et de s’exiler là-bas, en Ecosse. Il découvre alors un superbe manoir esseulé sur une île. Seul moyen pour s’y rendre : une barque…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le découpage en chapitres de cette descente aux enfers est à chaque fois introduit par une planche en flashback. Au bout du compte, cette seconde trame nous narre l’histoire d’une nonne emmurée par un moine libertin, et du prêtre qui la libère, au moment pile où le hameau est englouti sous les eaux du lac (!). Evidemment, cela ressemble à un mauvais trip… Et c’est le cas : dès l’entame du récit, à partir du moment où le personnage principal a absorbé l’Angel Fire, on comprend que tout ce qui lui arrive n’est plus forcément réel. Dès lors, la bonne vieille ficelle qui consiste à mélanger ce qui est provoqué par la drogue de ce qui appartient à la réalité, permet de leurrer le lecteur… La seule vraie question consiste à savoir à partir de quel moment on n’est plus dans la réalité. Si la séquence du manoir hanté, relativement classique, couvre la majeure partie du récit et permet de garder le lecteur en suspens, elle est finalement rejointe et recouverte sans plus d’explications, par les effets de l’hallucinogène. Au scénario, Chris Blythe était jusqu’alors essentiellement connu pour être le coloriste du Plomb dans la tête. On a l’impression qu’il est passé à côté de son sujet, à vouloir mélanger une bonne idée et un standard de l’épouvante (un manoir hanté est forcément en Ecosse). Sur un découpage et un style graphique très comics, très cinématographiques, le dessinateur Steve Parkhouse a beau multiplier les profonds encrages, on ne verse pas complètement dans l’épouvante recherchée. Prometteur mais décevant, ce mauvais trip tient tout de même en haleine…