L'histoire :
En vacances au bord de la mer, Nils passe le plus clair de son temps libre à pêcher, en compagnie de son frère jumeau Angie. Les deux adolescents se retrouvent souvent seuls et se querellent en permanence. Le temps passe ainsi lentement, jusqu’au jour où Selma, une jeune artiste peintre divorcée emménage dans la maison Chotard, une bâtisse voisine à côté de la leur. Nils se met alors à espionner la jeune femme, à fantasmer sur ses formes affriolantes… ce qui agace fortement Angie. Nils n’a pas grand monde à qui se confier. A part ce frère déplaisant ou ses parents taciturnes, il y a bien Peppo, un vieil artisan marionnettiste au village… mais ce dernier est très occupé. Un jour, Nils finit par se faire surprendre par Selma. Guère sauvage, cette dernière l’invite à boire un verre. Puis le lendemain, c’est une invitation à dîner… Puis, en dépit de leur différence d’age, Nils prend quelques initiatives et fait l’amour avec Selma. Les jours passent, Nils reste tout son temps en compagnie de Selma, délaissant totalement Angie, de plus en plus furieux. Jusqu’au jour où il la retrouve poignardée chez elle, à moitié dénudée…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Habillé exactement comme Nils, Angie est tout son contraire et ne fait son apparition que lorsque Nils se retrouve seul avec lui-même… Il ne faut pas longtemps pour comprendre qu’Angie est le double schizophrène du jeune héros. Rodolphe ne vise apparemment pas à entretenir le mystère sur le sujet. Il touche néanmoins juste avec la description et l’analyse qui est faite de cette grave maladie psychologique. Consciemment, Nils ne se rend pas compte que celui qu’il prend pour son jumeau est une seconde personnalité qui vit en lui. Chemin faisant, on se surprend alors à se poser des questions essentielles sur la vie, qui ne sont pas forcément abordées dans ce premier volet. Par exemple, quels rapports complexes les jumeaux entretiennent-ils avec ce double permanent d’eux-mêmes ? C’est surtout là que réside la force du scénario de Rodolphe, guère palpitant par ailleurs dans son intrigue cousue de fil blanc. Peut-être également le dessin d’Antonio Cossu est-il un peu trop naïf pour parvenir à faire monter la pression… Ce premier tome joue néanmoins sur les atmosphères et parvient, dans la dernière ligne droite, à donner plus de consistance aux personnages. De quoi attendre tout de même la suite avec une certaine curiosité.