L'histoire :
Désormais orphelin, l'adolescent australien Benjamin Blackstone est accueilli dans la somptueuse villa de sa tante. La gouvernante, la gentille Mme Tumble, lui fait une visite rapide des immenses pièces meublées et dépeuplées de ce vaste manoir. Elle lui présente sa chambre, appelée la « chambre errante ». Le soir-même, une grande fête est donnée en l'honneur de Benjamin, avec beaucoup de convives enivrés. Benjamin est un peu perdu. Il fait tout de même connaissance, en coup de vent, avec sa tante, trop occupée par ses invités. Puis délaissé, il va chercher un peu de calme dans un salon d'où proviennent des notes de piano. Benjamin fait alors connaissance avec le fantôme de Lord Schenbock, le véritable maître de ces lieux. Étrangement, Schenbock n'effraie pas Benjamin. L'adolescent entame la discussion avec lui. Schenbock s'enorgueillit d'avoir constitué une magnifique bibliothèque. Le lord aventurier lui explique aussi qu'il est traqué par des sortes d'oiseaux géants, qui veulent qu'il rejoigne le vide et qui sillonnent les extérieurs du manoir... Mais il est protégé par la statuette d'un chat égyptien, Bastet. Surtout, il lui propose de découvrir la grande aventure. Car Schenbock a le pouvoir de voyager à travers les romans de sa bibliothèque, au risque d'en modifier le cours. Il embarque aussitôt Benjamin dans une œuvre de Kipling, Kim, où un adolescent irlandais doit récupérer un énorme diamant. Hélas, à peine l'échange a-t-il eu lieu, que Benjamin est enlevé par des brigands...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ça n'est pas la première fois qu'un jeune aventurier se retrouve embarqué à l'intérieur d'œuvres romanesques classiques, pour trépider follement au rythme de leurs occurrences. A travers le scénario imaginé par Nicolas Perge et François Rivière, l'orphelin Benjamin Blackstone traverse ainsi Kim et Le livre de la jungle de Rudyard Kipling, puis embarque dans un tripode de la Guerre des mondes, avant de faire intervenir Edda, Le roi au masque d'or ou encore L'île au trésor. Si elle n'est pas tout à fait originale, cette base de départ pourrait s'avérer propice à un divertissement prenant. Pensez : prendre le meilleur de grandes aventures qui ont toutes fait leurs preuves. Hélas, elle est surtout ici terriblement fouillis. D'emblée, un manque de présentations se fait sentir. Nous ne saurons pas grand-chose des origines, ni du caractère du jeune orphelin... finalement très passif sur tout le reste de l'album. A contrario de son titre, le véritable moteur du récit est ce fantôme omnipotent, Lord Schenbock, aux formidables ressources de bon génie (c'est pratique). Puis la succession des aventures dans lesquelles le duo est absorbé ne répond guère aux codes rythmiques de l'art séquentiel. Tout peut arriver à tout moment, sans qu'on puisse jamais tenir pour repères tel personnage ou tel artefact. L'ensemble dérive ainsi sans sens, en dehors du temps, accompagné par des dialogues nombreux et mal fagotés, qui ajoutent à la dispersion. Dommage, car le dessin virevoltant et dynamique de Javier Sanchez Casado se montre particulièrement adapté aux registres de l'aventure et des bonds oniriques. Ses personnages ont des bouilles attachantes, et l'artiste catalan leur confère beaucoup de mouvements et pas mal d'astuces de mise en scène.