L'histoire :
Hrothgar est fier de régner sur les soldats danois et devient le chef incontestable des Skjoldungs. Il réunit tous ses lieutenants pour festoyer et célébrer la création du palais Heorot. La fête bat son plein mais ne dure qu’un temps : de petits yeux noirs et cruels épient la scène. La créature fond sur le groupe et commet un véritable carnage. La neige rougit du sang des malheureux déchiquetés et les corbeaux se délectent des derniers morceaux humains. Les survivants veulent se venger et réclament le sang de la créature des marais. Mais est-ce vraiment possible ? Quelqu’un peut-il véritablement la vaincre ? Douze ans plus tard, un esquif arrive sur les côtes danoises. Leur chef, un fort guerrier blond, propose son aide au roi Hrothgar. Il s’agit de Beowulf, fils d’Ecgtheow des Waegmundungs. Hrothgar a bien changé et a perdu toute énergie, rongé par la tristesse et le désarroi. Il ne croit plus en rien et l’arrivée de Beowulf ne l’émeut pas plus que tout le reste. Il organise tout de même un grand banquet en son honneur. Mais qui peut vraiment tuer Grendel, l’immonde monstre aquatique ? Beowulf, lui, n’en a cure : il le fait pour la gloire et compte bien réussir, quitte à y perdre la vie...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Beowulf est une célèbre légende germanique retranscrit par un poème anglo-saxon du VIème siècle. C’est une des premières épopées de l’histoire de la littérature qui rappelle aussi les faits héroïques de Siegfried (la bande dessinée fait d’ailleurs référence à cet autre héros nordique, vainqueur du dragon Fafnir). Après une adaptation jeunesse au cinéma, le héros légendaire fait une entrée fracassante dans le 9ème art. Parfait alliage entre un texte de qualité et des dessins impressionnants, la légende de Beowulf est magnifique de beauté et de sauvagerie. Le début donne le ton avec des cases sans textes remarquables de noirceur et de violence. Le graphisme de David Rubin, habitué au récit héroïque, est d’une puissance rare. Jouant sur toutes les possibilités que lui offre la BD, Rubin réalise quelques magnifiques planches en doubles pages. La force du trait vient aussi de ses détails minutieux comme les flocons de neige qui envahissent les cases ou encore le sang qui imprègne l’œuvre. L’auteur multiplie également les cases en insert pour offrir plusieurs récits en parallèle, habile façon de tenir le lecteur en haleine. Grâce à ce dessin magistral, l’histoire est donc prenante et pleine de suspense. La violence évoque également l’âpreté de la vie nordique. Les guerriers aiment ripailler et forniquer dans des banquets démesurés, peu avant de combattre et de risquer leur vie. Sur des couleurs sombres et parfois osées, le récit alterne moments de calme et scènes de combat furieuses. Le texte lyrique accompagne parfaitement le travail énorme de David Rubin. L’album est divisé en trois parties, narrant les trois grands exploits de Beowulf contre des créatures dangereuses : le combat contre le Grendel, puis le combat contre la mère du Grendel et enfin, l’ultime affrontement contre un dragon. Le tout sent la sueur et le sang, teinté d’une noblesse héroïque magnifique. Boewulf fait partie des grands héros de notre imaginaire (Tolkien sera d’ailleurs très marqué par ce récit et y puisera beaucoup pour créer Le Seigneur des Anneaux). Les auteurs de l’album auront réussi l’exploit de restituer le souffle puissant de ce récit nordique.