L'histoire :
Alors que leur voilier fraye entre les icebergs de la Terre de Baffin (passage arctique du Nord-Ouest), où ils se trouvent pour faire un peu d’escalade, Sylvain Tesson émet déjà l’idée d’une prochaine aventure auprès de son ami Cédric Gras. Puisque tous deux doivent se rendre au salon du livre de Moscou en décembre, pourquoi ne pas en revenir vers la France par la route, en empruntant le même trajet que Napoléon lors de sa désastreuse retraite de Russie. L’idée est à la fois de faire un périple mémoriel, mais aussi d’essayer d’éprouver ce qu’a dû ressentir la Grande Armée aux prémices de l’hiver 1812. Ils proposent la chose à un troisième larron, le photographe Thomas Goisque, lui aussi russophile… et décident de faire cela à bord d’un side-car, une « Oural » de 1966 ! Les aventuriers ont déjà éprouvé ce type de moto issue de l’industrie soviétique aux cours de précédents périples et ils savent qu’il est fort possible qu’elle ne démarre jamais… mais aussi qu’il est possible qu’elle ne s’arrête jamais. Ils proposent la chose à deux amis russes, Vitaly et Vassili, qui proposent de les rattraper quelques jours plus tard, à bord de deux autres Oural, après les avoir révisées et retapées. Le premier jour, ils sont donc trois à bord de leur Oural, pour joindre Moscou à Borodino…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En 2019, Virgile Dureuil avait déjà traduit en bande dessinée l’épisode autobiographique de Sylvain Tesson Dans les forêts de Sibérie. Sur plus de 100 pages, il parvenait à nous faire vibrer sur l’aventure quasi immobile de l’écrivain, face à sa solitude de 6 mois au bord du lac Baïkal. Autant dire qu’avec un propos mémoriel et un road-trip à bord d’un antique side-car de l’ère soviétique, le périple ne manquera pas de piquant, cette fois. Car il s’agit cette fois de refaire la route de retour de Napoléon, lors de sa retraite de Russie. La fameuse et tragique retraite qui décima la Grande Armée et fit entrer la rivière « Bérézina » dans les expressions communes pour qualifier le niveau le plus cataclysmique d’une déconfiture désastreuse. Très classiquement, on suit ainsi le voyage de Tesson et de quatre de ses amis (deux russes et deux français), à bord d’un vieux side-car, entre Moscou et Paris. Le voyage est évidemment agrémenté des réflexions littéraires, élégantes et désillusionnées de Tesson en voix off ; et il s’entrecoupe sans transition de vues parallèle en flashbacks, sur la retraite napoléonienne. Si les séquences contemporaines confinent à l’orthodoxie du carnet de voyage, les mouvements de troupes du début du XIXème forment la grosse plus-value de cette BD. Ces séquences sont à la fois différentes dans le style graphique et très proches dans la force de l’évocation et la peinture historique, de la trilogie éponyme en BD de Richaud/Gil (chez Dupuis), elle-même adaptée d’un roman de Patrick Rambaud (Il neigeait).