L'histoire :
Bjorn, fils de viking, habite avec sa tribu/famille dans la plus belle demeure du Fizzland, dans la vallée du Renga. Cet hiver, il faut se rationner car la neige est mauvaise : le « diable est en elle », elle tombe en abondance, bloquant toutes les issues de la maison. La promiscuité imposée à l’intérieur ennuie tout le monde et exacerbe les tensions. Son père Erik rédige ses mémoires, Drünn l’ami guerrier bougonne, Hari le vieux pécheur sculpte une épée, la cuisinière Maga flippe à mort, et le frangin Gunnar s’ennuie tellement qu’il défie sans cesse Bjorn à l’épée. Or Bjorn est un faible, tout chétif et il finit systématiquement par mordre la poussière. Or, la nuit, Bjorn rêve aussi qu’il combat. Au début, dans ses rêves, il meurt invariablement transpercé par une épée. Et puis, petit à petit, il progresse et peaufine son art du combat. Jusqu’au jour où il terrasse ses ennemis en songe. Or, voilà que lorsqu’il s’entraine réellement contre Dizir, un ami troll, il maîtrise désormais des bottes secrètes qui le rendent effectivement redoutable ! Il est devenu un « morphir », c'est-à-dire un être faible transformé en héros. Et il le prouve en triomphant d’un terrible démon de glace. Mais la neige n’en reste pas là et prépare son ultime assaut…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Thomas Lavachery adapte ici le premier roman de sa série jeunesse éponyme éditée à L’école des loisirs (5 bouquins actuellement). Linéaire et légère, l’histoire est celle d’un jeune viking qui découvre qu’il est un « morphir », c'est-à-dire « un être faible et débile qui devient un grand héros de son temps » (dixit Hari, le vieux pécheur). Car au départ, Bjorn est un peu comme Ingmar (le viking tout chétif d’Hervé Bourhis) et il devient, après une formation onirique autodidacte de 2 pages, aussi héroïque que Thorgal ! D’ailleurs le contexte historico-fantastique est un peu le même que cette série culte du 9e art, bien que le ton en soit radicalement différent. Car Bjorn combat ici la neige, sauve sa tribu prisonnière d’une grotte et défie le prince le plus cruel du royaume, Dar, le fils du roi, qui s’est approprié l’épée de son père (le petit salopiaud). Le dessin de Thomas Gilbert s’inscrit dans une veine « nouvelle vague », assez proche du style de Kerascoet (Miss pas touche). Les personnages évoluent la plupart du temps en plans serrés, sur aplats de couleurs, et les rares décors n’hésitent pas à verser dans le fantasmagorique (wah les montagnes !). S’il peut paraître élémentaire aux néophytes, le style graphique est néanmoins maîtrisé et l’aventure demeure parfaitement fluide et agréable. A conseiller à tous les petits morphirs.