L'histoire :
Au beau milieu de la nuit, des individus suspects déchargent de la marchandise depuis un voilier sur un ponton de la cité-état de Boca Nueva. Ils sont alors surpris par deux policiers zélés qui demandent à contrôler le contenu des caisses. Le responsable de la livraison flippe tellement qu’il prend ses jambes à son cou. L’un des deux flics, Riggs, parvient à le rattraper et à la neutraliser. C’est alors que le navire s’embrase subitement, sans raison apparente et explose ! Le coéquipier de Riggs meurt avec les malfrats restés à bord. Riggs s’en sort avec une blessure à la tête et les honneurs de son lieutenant en chef, le lendemain. Flic intègre, Riggs compte bien aller au bout de son enquête, malgré les réticences de son patron corrompu, mouillé jusqu’au cou dans ce trafic. Pour lester Riggs dans ses investigations, le lieutenant lui adjoint une jeune recrue maladroite, Ese Kululu, fraîchement débarqué dans le microcosme interlope de Boca Nueva. Inoffensif et tendre, Ese est logé dans la famille de son cousin Fernando, fonctionnaire aux archives… et à vrai dire, il pensait décrocher un petit job tranquille du même type. Au lieu de ça, on le présente à un Riggs désabusé et opiniâtre. Après avoir équipé Ese d’une armure rutilante et un peu ridicule, Riggs l’emmène dans une taverne malfamée, à la pêche aux infos…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Série nouvelle venue au sein du catalogue de Casterman, qui comptera a minima 3 tomes (comme l’indique la 4ème de couv’), Boca Nueva se situe à la croisée de plusieurs genres. On pourrait la définir par un « polar mafieux de fantasy et de cape et d’épée ». Ce qui surprend dès les premières pages tournées, c’est la profondeur du monde créé par le duo d’auteurs, Sylvain Almeida et Youness Benchaïeb, d’emblée digne des plus grandes sagas de fantasy. Les auteurs ont particulièrement poussé cet univers, au point de gratifier le lecteur attentif d’un plan de la cité-état de Boca Nueva et d’une présentation « touristique » dans les pages de garde. Sur un style de dessin moderne, abouti et régulier, l’intrigue adopte néanmoins globalement la forme de l’enquête classique : il y a un trafic non-identifié, aux ramifications géantes et malsaines, ainsi qu’un duo hétéroclite de flics pour le contrecarrer. Riggs, le blasé jusqu’au-boutiste devient ainsi le mentor du gentil et inoffensif Ese, qui révèlera évidemment toutes ses vertus et de surprenantes compétences au fil des évènements. Oubliez donc la traditionnelle dégaine américaine des flics : les nôtres utilisent des épées, chevauchent des dragons indisciplinés et ont des morphotypes zoomorphiques ! Quand L’Arme Fatale croise l’univers trondheimien de Donjon, en quelques sortes… Pour endurcir les tronches animales souvent caricaturales et rigolotes, le ton et les dialogues réclament un public mature (à partir de 15 ans ?). On se réjouit de cette mise en place (sur 120 planches !) et de ses jolies promesses…
