L'histoire :
En décembre 2041, la France est secouée par un vaste bug. Plus rien ne fonctionne, de l'ordinateur à la plus petite clef USB. Les mémoires et espaces numériques n'existent plus. Sur les bords de Seine, une famille est inquiète car elle n'a plus de nouvelles du père qui revient de Moscou. Tous les vols sont suspendus et le pays est comme paralysé. À New York, le problème est le même, le bug a gagné le monde entier. Certains soupçonnent un acte terroriste de l'Afrique. D'autres sont inquiets que le problème soit beaucoup plus complexe et bien plus profond. En pleine conversation, l'un des membres de l'ONU fait un malaise et meurt sur place. Son tube Cardio vasculaire devait être en panne à cause du bug. Pendant ce temps, dans l'espace, des astronautes ont trouvé un vaisseau en orbite autour de la terre. Celui-ci semble inhabité et inutile. Pourtant, ce qu'ils trouvent à l'intérieur est plutôt surprenant et non sans danger. Tous les anciens passagers sont morts. Or personne ne sait encore ce qu'il s'est réellement passé...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Enki Bilal est de retour avec une nouvelle série futuriste dont lui seul a le secret. Cette fois, l'anticipation joue sur une « catastrophe » sans pareil : un immense bug planétaire qui met en échec tous les systèmes informatiques, numériques, téléphoniques et autres objets technologiques. Au fil de nombreuses pages pleines de malice, Bilal imagine les ravages que peut faire ce genre d'événement : l'absence d'informations, les prisons libérées, les communications impossibles, les archives disparues, les protections militaires désactivées... L'occasion de critiquer violemment notre dépendance à tout ce qui est connecté. Parfois, Bilal intègre même de l'humour, un biais assez nouveau chez lui. Les journaux qui doivent se remettre à l'écriture sont en effet bourrés de fautes ; certains vont même jusqu'à se suicider tant le changement est brutal ! Ce « cauchemar » moderne est traité de façon subtile et originale. Entre les bouleversements occasionnés dans les rouages de la société, une solution apparaît. Elle a pour nom Kameron Obb. La nouvelle égérie de Bilal est aussi charismatique et mystérieux que le fameux Nikopol avec une tâche bleue qui lui barre la moitié du visage. Ce nouvel héros des temps modernes a en plus un pouvoir des plus incroyable. Le rythme est plutôt soutenu et beaucoup moins obscur que les derniers tomes du maître de la SF. Evidemment, une œuvre de Bilal se vit aussi et surtout par son dessin. La plongée dans l'univers de science fiction demeure mémorable, avec son style unique et ses peintures venues d'un autre monde. Certaines planches virent souvent au portrait systématique, d'autres sont de toute beauté. Son trait et sa palette graphique fascinent toujours autant, avec l'apparition de quelques méchants charismatiques (qui rappellent les islamistes ou les grands politiques d'aujourd'hui). Un retour vers le futur plein de promesses et de qualité, sans bug ni fausse note.