L'histoire :
Depuis le bug mondial, tout le monde recherche Kameron Obb. Tous les moyens sont bons pour retrouver celui qui détient toutes les données de la terre. Les mafieux de Venise ont réussi à capturer sa fille et l'amènent au grand chef de la mafia corse. Les pires bandits de la planète se réunissent autour de leur proie, persuadés qu'avec cette jeune otage, ils obtiendront ce qu'ils veulent de Obb. Dans le même temps, Karen Obb est aussi ennuyée sur Paris. Beaucoup espèrent qu'en la contactant, elle pourra ramener son ancien amant. Cependant, Kameron Obb est bien trop occupé à rechercher sa fille. Dans son avion cabossé, il traverse Barcelone avec Junia Perth. Depuis qu'elle partage sa vie, une tâche bleue se répand autour de son œil gauche. Ils doivent s'arrêter faire le plein tout en haut d'une immense tour. Kameron espère également récupérer des médicaments, un chargeur et des armes, mais il faudra faire attention à ne pas se faire repérer. Alors qu'ils finissent par trouver un endroit pour se reposer un peu, Kameron explique à sa compagne comment tout a démarré et comment il a contracté cette fameuse tâche bleue qui se répand sur son visage. Tout a commencé par un voyage sur Mars. Alors que l'expédition se rapprochait de la Lune, le vaisseau a rencontré une sorte de nébulosité bleue...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La nouvelle série d'Enki Bilal continue sa vision d'un avenir inquiétant. Depuis le Bug de tous les appareils électroniques, numériques et technologiques, on ne recherche plus qu'un seul homme qui serait capable de réparer tout cela. Ce deuxième tome est donc une sorte de chasse à l'homme mondiale. Kameron Obb est le centre d'attention de tout le monde, criminels de grande envergure comme dirigeants de gouvernements, malades infirmes comme des groupes politiques clandestins. Bilal s'est fait une spécialité du récit d'anticipation apocalyptique sur fond de réflexion écologique. Cette série est donc un prétexte formidable pour interroger nos grandes villes et nos systèmes politiques, mais ce deuxième tome tourne rapidement au récit de survie où tous les coups sont permis et où l'humain montre avec violence son égoïsme et sa détermination. Comme souvent dans les récits de Bilal, on ne sait pas où l'on va, on se laisse porter par une intrigue déroutante et au rythme haché. Les parenthèses avec les Unes des journaux ou des JT cassent la narration et apportent une réflexion acerbe sur les événements de l'intrigue. Même si on serait en droit d'attendre un peu plus de « folie » et de créativité dans cet univers où tout est possible, cet épisode regorge de petites trouvailles bien amenées et bien senties. Quel plaisir de replonger dans les univers uniques de l'artiste grâce, évidemment, à un graphisme qui n'a rien perdu de sa maestria et de sa puissance ! On contemple avec émerveillement les villes de France (Paris/Marseille) et les paysages corses métamorphosés par un dessin et une colorisation qui semblent venir d'une autre planète et d'un autre temps. Plus visionnaire encore que les récits SF qu'il dépeint, cet art pictural prodigieux perd malheureusement un peu de sa beauté à cause d'un album au petit format. Les amateurs et les fans se tourneront plutôt vers l'édition de luxe. Qu'on se le dise : Bilal a encore des choses à nous dire et à nous montrer !