L'histoire :
Un homme rentre dans le restaurant chinois la Rivière Li. Dans un premier temps, on lui annonce que c'est fermé. Mais dès l'instant où il prononce « J'ai retrouvé Li », tout le personnel du restaurant se met en quatre pour le servir : cet homme est un détective privé travaillant pour l'étude Dupont-Bedon de Mourmelon. Assurément, la nuit va être longue... Chine, années 20. Li navigue sur la rivière qu'elle aime tant, au milieu des rochers qui la bordent et que l'on surnomme « Les Dents du Dragon ». Elle doit se rendre à Shanghaï car Frère Aîné l'a jouée et l'a perdue. Après avoir essuyé un viol par l'homme à la face de rat (qu'elle retrouvera plus tard), Li est remise à son maître, l'implacable Zhang Xi Shun, grand chef eunuque de la mafia locale, qui ne voit pas encore le joyau qu'il polira, mais une souillon sans relief. Un peu plus tard, elle se fait remarquer auprès de Zhang pour ses qualités graphiques. Il la prend sous son aile et fait en sorte de parfaire son éducation, en lui faisant enseigner le français, la peinture et la calligraphie...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après nous avoir embarqué en Inde, en Égypte et au Congo Belge (avec Frédéric Bihel au dessin), Maryse et Jean-François Charles mettent le cap sur la Chine et le Shanghaï des années 20, plus précisément. Considéré à juste titre comme le plus grand bordel du monde, la ville est tiraillée entre la mafia, les occidentaux et le pouvoir de l'Empire du milieu qui commence à se former, avec l'opium comme enjeu économique majeur. Le récit parfaitement construit distille au passage des références historiques qui lui donnent un supplément d'âme (les eunuques qui occupaient une place importante encore à l'époque, la bande verte ou Qing Bang, authentique triade qui faisait régner la terreur jusque dans les années 50). Et au milieu de ce contexte nébuleux, il y a la belle China Li, qui se fraye un passage, devant son destin par la grâce de son dessin, laissant éclore sa sensualité naissante, dont on devine, qu'elle deviendra une arme de séduction massive. Dans China Li, on retrouve les thèmes de prédilection des auteurs : les tumultes de l'histoire, le goût immodéré pour la culture asiatique et le choc des civilisations, avec une dimension politique plus prononcée et plus présente qu'à l'accoutumée. Au dessin, Monsieur Charles nous gratifie de cases-aquarelles de toute beauté, lumineuses et évanescentes, agrémentées de couleurs chaudes et délicates. Une chose est sûre, China Li n'a pas fini de nous surprendre... avec les deux tomes à venir L'honorable Monsieur Zhang et Un très très long chemin, avec en toile de fond l'histoire de la Chine : fin de l'ère impériale, la guerre civile, l'occupation japonaise, le communisme, Mao, la révolution culturelle, l'ouverture vers l'occident. Tout un programme à venir dans ce triptyque intrigant !
