L'histoire :
De nos jours. Une jeune femme débarque en train à Paris et se rend en métro vers le local des Compagnons du devoir, dont elle fait partie. A l’entrée, elle s’annonce à deux jeunes autres apprentis : elle est Emilie « Morvan », dite « Rennaise » et aspire à devenir cordonnier-bottier. On la conduit dans le bureau de leur « mère » (la responsable) qui l’accueille ici durant une semaine. Durant ce laps de temps où elle perfectionne son apprentissage, Emilie sympathise avec les deux premiers compagnons rencontrés, Thomas « lyonnais », aspirant couvreur, et Quentin « provençal », aspirant ébéniste. En réalité, un triangle amoureux se met en place. Thomas tombe amoureux d’Emilie, qui tombe amoureuse de Quentin. Chacun apprend l’origine et la vocation des autres, tandis que les sentiments deviennent de plus en plus prégnants. Le jour où Quentin apprend qu’il a demandé une affectation à la Rochelle, signe le début de sa relation avec Emilie… au grand désarroi de Thomas. Leur éloignement géographique incite Emilie à vouloir le rejoindre… mais c’est raté, elle écope de St Etienne. Là-bas, elle sympathise avec Antoine, un apprenti mécanicien qui a un problème relationnel avec son père…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les « Compagnons du devoir » sont une congrégation d’artisans directement héritée du moyen-âge (des bâtisseurs de cathédrales). Ils conservent à notre XIXème siècle une organisation confraternelle et inter-provinciale fortes, ainsi qu’un savoir-faire pointu, et sont donc réputés pour fournir des ouvrages traditionnels de qualité. Ce sont tous ces aspects de cette institution millénaire que Tito (au scénario) et Manuel Lieffroy (au dessin) mettent en scène dans ce one-shot didactique, mais aux allures de chronique romantique avant tout. En effet, plutôt que d’être platement descriptif sur le fonctionnement du compagnonnage, autant profiter de son paramètre communautaire et éthique pour distiller dans l’intrigue des relations amicales et amoureuses entre 4 protagonistes. Ainsi assistons-nous à l’histoire d’amour classique entre Emilie et Quentin, minant profondément Thomas (qui tient la chandelle). On en profite pour découvrir les rites, les termes (on se nomme par provinces), la nécessaire itinérance et la fraternité qui règnent au sein des Compagnons du devoir. Sans artifice spectaculaire, le trait de dessin semi-réaliste de Lieffroy est simple, très coloré, parfaitement cohérent sur la longueur… aussi sérieux que peut l’être l’œuvre d’un Compagnon. On lui accorde volontiers sa « réception ». Attention, cet album risque de susciter des vocations...