L'histoire :
Jean Dupont, chômeur de Garges-les-Gonesses, vient pointer à l’Office Central de Contrôle et de Vérification (OCCV). Après une queue interminable, il accède enfin au guichet, mais trop tard pour obtenir un certificat de contrôle ET de vérification : il est 17h08. Il repart avec le contrôle seul, avec obligation de revenir. La semaine suivante, même topo : queue, attente et guichet désobligeant, qui s’aperçoit soudain que Dupont doit déjà avoir le certificat de vérification et qu’il l’a égaré (ô honte suprême) ! Il est amené, pantois, devant le directeur, Monsieur Bouudard qui lui fait comprendre que la régularisation de sa situation est exceptionnelle et qu’elle dépend de son bon-vouloir. Heureux comme un pape de ressortir enfin avec ses papiers, Jean Boudard se fait agresser et dépouiller sur le trottoir. Il finira retranché chez lui, avec sa femme de ménage en otage pour avoir un duplicata. Sa maison sera rasée par les forces spéciales. Cependant, au ministère, Domitille Brévard, une pimpante jeune femme fraîchement sortie de son école d’administration, reçoit la délicate mission de réformer l’OCCV, notamment en l’informatisant…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Tout commence par un pamphlet cynique et cruel contre l’administration et ses rouages abscons et vains (et crétins). Chacun a déjà été confronté au même type d’aventure ubuesque que celle de Jean Dupont. Jean-Christophe Chauzy et Thierry Jonquet, déjà co-auteurs de DRH et de la Vigie, auraient pu s’en tenir là, faisant se dérouler toute une suite d’aventures administratives absurdes dignes du film Brazil. Mais ils concluent rapidement l’anecdote pour passer à la suite logique : la réforme. A nouveau, ils pointent du doigt un système incapable de se remettre en question : bloquée par les mentalités rétrogrades et l’immobilisme des syndicats, la réforme aussi pensée soit-elle, est une utopie. Le programme informatique salvateur est d’ailleurs bien-nommé UBUROI (Uniformisation du Bilan des Usagers pour une Redistribution de l’Offre Interdépartementale). Jusque là, on grince, on jubile, on règle nos comptes nous aussi avec une forme de bureaucratie exaspérante au dernier degré. Sur ce thème, le dessin de Chauzy est caricatural à souhait, avec une colorisation des plus moroses. Puis vers la fin, le scénario part en vrille autour des gueuletons que se mijotent les fonctionnaires réfractaires à l’informatisation… puis sur les histoires d’amour avec deux stagiaires russes… La conclusion en queue de poisson est un peu hermétique, sans retirer quoi que ce soit à l’acidité d’ensemble de la satire.
