L'histoire :
En l’an 982, le viking Erik Torvaldsson est fier d’avoir établi une colonie sur le littoral du Groenland. Depuis le camp de base d’Eriksfjord, il accueille ce jour-là un drakkar qui vient de faire l’aller-retour avec la Norvège pour offrir un ours polaire au roi Olaf. Cependant, son fils Leif descend à terre avec la mine sombre. Le roi a en effet imposé au jeune homme de se convertir à la foi catholique. Il lui a également imposé à bord un prêtre, qu’il a ramené sur les nouvelles terres. Or ce prêtre est Thangbrand, l’un des plus cruels « convertisseurs » qui soient. Fou de rage, Erik gifle son fils et le méprise durablement. Quoiqu’il advienne, il restera fidèle à ses dieux ancestraux. Dans les semaines qui suivent, il cherche néanmoins une échappatoire. Il propose alors à son autre fils Thorstein de fonder son domaine sur les autres nouvelles terres découvertes par Leif. Et par la même occasion, il lui propose de l’accompagner dans son périple. Mais le jour du départ, Erik fait une mauvaise chute de cheval sur le dos, ce qui l’empêche de prendre la mer…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Selon la légende, Leif, le fils de l’explorateur Erik le rouge, aurait découvert le continent américain un demi-siècle avant Christophe Colomb, par une voie maritime boréale. Ce qui est déjà plus certain, c’est qu’Erik Torvaldsson a établi la première colonie européenne sur le Groenland, aux alentours de l’an 982. L’auteur danois Soren Mosdal s’est inspiré de la « saga » familiale torturée de ce viking (des écrits datant du XIV et du XVème siècle) pour en tirer ce one-shot de 130 planches aux ambiances crépusculaires. Car oui, sous ces latitudes, le climat est austère et la luminosité restreinte. Surtout en hiver… A travers une narration adulte, distante et peu empathique, nous partageons essentiellement les mœurs raboteuses de l’époque et la soif de conquêtes insensée, quasi suicidaire. Mais le principal focus est porté sur la cruciale question de la conversion au catholicisme, soit le « sujet de société » à la mode au tournant de l’an mil. Les mythes et les croyances ayant une grande place dans les décisions et le discernement des événements, ils sont donc prépondérants dans l’histoire. Le parti-pris de Mosdal est ascétique et expérimental, tant dans l’âpreté narrative utilisée pour diriger le récit que dans le traitement du dessin anguleux et torturé. Les cases parfois ardues à déchiffrer visuellement, sont rehaussées par une palette restreinte de couleurs ternes en aplats, orientées plutôt rouges et noires, pour ne pas dire sombres et sanguinaires. C’est logique et intéressant, car raccord avec la rudesse des mœurs, mais pas franchement fluide. A réserver aux amateurs de BD indé ou aux fondus d’Histoire scandinave…
