L'histoire :
Le premier coup de Jean-Claude, alias Pépé, remonte à ses seize ans, lorsque avec une bande de copains, il a préparé l'attaque d'un agent payeur de la caisse d'allocations familiales. A cette époque, le fonctionnaire transportait seul une sacoche pleine d'argent avec laquelle il faisait la tournée des bénéficiaires. Organisé par un trio de gamins nerveux, le coup tourne mal avec, pour la première fois, l'utilisation de la violence pour mettre la main sur une somme d'argent. Le jeune délinquant décide alors de fuir son propre destin et s'engage dans la légion étrangère. Or très vite, l'autorité insupportable enclenche de nouvelles violences, et le soldat déjà aguerri qui a appris la manipulation des explosifs est exclu, livré à lui-même. Quelques décennies plus tard, lors de son dernier procès, l'homme mûr aux cheveux gris se souvient des débuts de son parcours, et trouve face à lui le policier qui, après d'interminables années de traque, a fini par lui mettre la main dessus. La condamnation qui l'attend n'a plus la même forme de légèreté que celle de ses premiers séjours en prison. Il sait que les années d'enfermement seront des années de vie en moins. Il sait que, dehors, il a laissé des femmes qu'il a aimées, et un fils qui a grandi sans lui.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans ce second volume de Face au Mur, Laurent Astier trouve une nouvelle aisance et donne la pleine mesure de son récit. Un mélange réussi de chronique sociale autour de la biographie d'un destin hors du commun. Tandis que le premier tome pouvait laisser penser à une absence de condamnation du trajet du criminel dont il décrit le long chemin, ce nouveau développement enrichit le point de vue littéraire, tout en humanisant Pépé, dont la vie se révèle de plus en plus complexe. Le cul de sac dans lequel le jeune délinquant se trouve progressivement acculé est accompagné d'un récit parfois intime de la vie de famille qu'il a tenté de construire. On comprend mieux alors le sens de ce travail qui, sur plus de 280 pages, nous fait vivre les bouleversements d'un parcours hors des lois, finalement rattrapé par une leçon de vie personnelle. Astier introduit par ailleurs une dimension graphique supplémentaire dans cette conclusion, grâce à un jeu de couleurs très marquant, et de très jolies pleines pages, reposantes comme les moments de liberté du prisonnier hors de sa cellule. Le système des mutliples flashbacks qui creusent à chaque fois un nouveau pan de sa vie, fonctionne très bien. Surtout lorsqu'il retrouve les sources de la révolte personnelle d'un jeune gamin qui va basculer. Les documents et la mise en perspective qui concluent l'album accordent une vraie profondeur à la collaboration que l'auteur à réussi à développer avec Jean-Claude Pautot. Une enquête personnelle romancée qui nous donne l'occasion de vivre un envers du décor rarement accessible. Et qui sait mettre en avant des personnages secondaires forts dans la pure tradition du polar. Une très belle démonstration de la puissance du roman graphique, sous la plume d'un auteur complet qui trace sa voie avec détermination.
