L'histoire :
Frans Masereel est né en Belgique, à Blankenberghe, le 30 juillet 1889. Malheureusement, son père décède cinq ans plus tard. La famille déménage à Gand et sa mère se remarie avec un médecin de sensibilité socialiste, qui va imprimer ses convictions politiques au jeune garçon. Talentueux et travailleur, Frans va se faire remarquer à l’Académie royale des Beaux-Arts de Gand. Il excelle dans le dessin retranscrit d’après sa mémoire. D’ailleurs, son tuteur va lui proposer de quitter l’Académie pour voyager. Selon lui, son art ne pourra se dévoiler en restant à Gand. Au même moment, il fait la connaissance de Jules De Bruycker, peintre et graveur sur bois, qui va devenir son mentor. Il rencontre par la suite Pauline, qui a une fille, et le couple va déménager à Paris en 1910. Dans la capitale française, Frans va faire la connaissance de nombreux artistes, journalistes et syndicalistes. En 1911, il se rend en Tunisie où il se consacre à la peinture. En 1914, le couple passe leurs vacances d’été en Bretagne lorsque la guerre éclate. C’est un tournant important dans la carrière de Frans car d’après lui : « Il n’y a pas d’art sans paix ».
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cet album est soit destiné aux connaisseurs de l’œuvre de Frans Masereel, soit aux curieux qui apprécient de lire une bande dessinée ou un roman graphique autrement. De prime abord difficile d’accès, l’album se laisse regarder et comprendre. La notion de lecture est toute relative car ce roman est dit muet. Dans sa conception graphique, l’album est découpé en vingt-cinq scénettes de vie introduites par quelques lignes, à l’instar des films muet du début du XXème siècle. Ce procédé est très intéressant pour introduire et donner des indices sur la scène qui va suivre. Tout le reste est de la compréhension graphique. Évidemment, les connaisseurs de l’œuvre de Masereel vont certainement déceler de nombreuse référence à l’œuvre de l’artiste belge. Les néophytes y verront une certaine noirceur graphique. Effectivement, point de couleur dans cet album, ce qui semble évident pour un artiste graveur, mais aussi par la période historique traversée par l’auteur avec les deux guerres mondiales et la grande dépression initiée par le jeudi noir de Wall Street. De nombreux symboles sont disséminés ça et là dans chacun des tableaux. La représentation la plus frappante est l’absence de visage des soldats lors de la période de guerre ou encore la Cène avec Frans au côté de penseurs et militants politiques autour d’une table. Somme toute, bien que difficile d’accès, le travail biographique et graphique est gigantesque. Ainsi, les auteurs mettent un coup de projecteur sur un artiste du XXème méconnu.
