L'histoire :
Charles Bukowski a 50 ans et ça fait bientôt quatre ans qu’il n’a plus de copines. Ou plutôt quatre ans qu’il n’a pas couché avec une femme. Du reste, il n’imagine même pas une relation – même sans sexe – avec une femme. La seule qui, pour l’heure, compte à ses yeux, est sa petite Marina, sa fille qu’il ne voit malheureusement pas souvent. A 50 ans, Bukowski vient de quitter la poste après 15 ans de bons et loyaux services pour « essayer » de devenir écrivain. La nuit, il essaie d’écrire son premier roman. Il boit comme un trou, tape à la machine, écoute des émissions radio de musique classique, boit comme deux trous et fume des cigares jusqu’à l’aube. Ainsi, il écrit 10 pages par nuit et boucle son Post Office en 20 jours. Il essaye dans le même temps de se faire une place dans la poésie et propose régulièrement des lectures. A l’une d’entre elles, son regard plonge dans les yeux de Diana. Pour la séduire, il tente un : « Pour commencer j’aimerais t’arracher cette frange de cowgirl ! ». Un véritable succès qui fait immédiatement fuir sa conquête...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour la plupart – et en particulier ceux qui en affichent un peu plus de 40 au compteur – Charles Bukowski reste ce barbu aviné qui, un soir d’Apostrophes (fameuse émission littéraire de Bernard Pivot) fit le buzz en étalant lourdement son ébriété. Pourtant le bonhomme et surtout son œuvre méritent largement qu’on s’y attarde au-delà. En proposant d’esquisser son portrait en un peu plus de 150 pages, Flavio Montelli partage cette intention. On y retrouve l’auteur américain à 50 ans, au moment où il fait définitivement ses adieux à la poste pour vivre pleinement de son crayon. Moment également d’une courte liaison avec Diana qui met un terme à quelques années d’abstinence féminine. Monté principalement en voix off à la première personne, la suite du récit emprunte des méandres autobiographiques souvent décousus qui construisent le personnage. Tout s’y entrelace pèle-mêle sans aucune linéarité, avec pour dénominateur commun ce lien indestructible entre l’auteur et l’alcool. Femmes, père violent, sa fille, ses premières publications, les petits boulots avilissants, les souvenirs d’enfance, ses voyages, les rencontres déterminantes (son éditeur, sa dernière compagne…). Flavio Montelli étale la matière pour nous permettre de border les traits du poète. Seulement, il manque d’aller un peu plus loin et rend au final une copie qui manque cruellement de relief. En particulier, il nous prive de tout lien avec l’œuvre de Bukowski sans pratiquement jamais en citer une seule ligne. Du coup, soit on connait l’auteur sur le bout des phalanges et ce portrait n’apporte rien. Soit on n’en connait pas grand-chose et l’on n’est pas plus avancé. La partie graphique ne rehausse pas la note. Elle convient pourtant au genre mais se refuse tout éclat. Il serait donc peut-être préférable d’aller voir ailleurs pour découvrir cet auteur singulier.