L'histoire :
Le jour fatidique est arrivé pour Marcel : comme son grand frère et son père avant lui, il va descendre dans les mines pour sa toute première journée de travail. Loin d’être motivé à l’idée de devenir mineur, Marcel garde néanmoins l’espoir de se lancer prochainement dans une autre vie où il pourra profiter de la lumière du jour et ne se ruinera pas la santé comme son père. Mais en attendant, il est contraint d’enchaîner les journées laborieuses en tenant le coup grâce à Suzanne, son amoureuse au regard brillant comme un soleil. Pour rendre les journées moins pénibles, Marcel peut également compter sur son pote de galère Jacek, un polonais qui a commencé à travailler dans cet enfer en même temps que lui. Mais voilà : alors que Jacek devient rapidement son meilleur ami, il part du jour au lendemain sans prévenir pour Saint-Étienne. Un an passe et Marcel a de plus en plus de mal à supporter ce travail qui l’empêche de faire autre chose que dormir, tellement ça le fatigue. Puis un jour, il se réveille alité après un coup de grisou et apprend la mort de 14 personnes... dont son père. Marcel décide de changer de vie et de tenter sa chance à la capitale. Mais cela se fera sans Suzanne, qui a refusé de l’accompagner et lui annonce même qu’elle ne veut plus jamais le revoir…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec ce un récit épais de 100 pages, le scénariste Antoine Ozanam propose de découvrir la destinée d’un homme à l’époque du travail dans les mines. Comme la majorité des Hommes du nord à cette époque – comme son père et son frère – Marcel est voué à devenir mineur. Mais se rendant compte qu’il se tue à petit feu dans cette tâche ingrate, il rêve de changer son destin en s’échappant. Se rendant à Paris dans le but de changer son destin en trouvant une occupation professionnelle épanouissante et lucrative, ce héros rêveur va vite se rendre compte que l’herbe n’est pas forcément plus verte ailleurs et que la noirceur n’est pas seulement présente au cœur des mines. Dans ce récit intéressant et prenant, le noir est partout, jusque dans le rendu graphique. En effet, le dessinateur Lelis, qui a déjà collaboré avec le scénariste sur Last Bullets, livre un dessin entièrement en noir et blanc, renforçant le côté sombre de l’intrigue. Si l’ambiance est bien là, la mise en images est parfois en dent de scie. Les personnages sont charismatiques et bien mis en scènes, les décors donnent de temps en temps l’impression d’être un peu brouillon, voir vagues. Cependant, si l’on ne s’attarde pas trop sur le sens à donner aux décors où évoluent les personnages, on reste bien embarqué dans cette tranche de vie lointaine et pourtant si proche. C'est finalement l'histoire « ordinaire » d'un jeune homme qui tente de trouver sa place dans une société qui ne semble pas avoir réellement besoin de lui…
