L'histoire :
Aujourd’hui, c’est l’anniversaire des 8 ans de la petite Julie. Elle et son papa ont fêté ça chez sa mamie, qui lui a offert un chien en automate. Julie est juste un peu contente : elle aurait préféré un vrai chien. Ils quittent maintenant la grande ville de Toronto pour rentrer dans leur pavillon de province. Or, quand ils pénètrent dans la maison, tous les copains de Julie, ainsi que Nours, son robot-ours tout à fait exceptionnel, l’attendent dans le noir pour lui faire un anniversaire surprise ! Julie est ravie. Elle l’est encore plus lorsqu’elle entend un « Waaff ! » provenant de dessous la table. Ses copains offrent en effet à la fillette un chien, un vrai. Nours analyse aussitôt le spécimen : c’est un Boston terrier chiot, soit une race destinée aux combats ; il sera affectueux, simple d’entretien, résistant, obéissant, intelligent, mais aussi dépendant et excité. Le papa de Julie n’est pas du tout d’accord avec ce cadeau saugrenu… mais au vu des yeux de sa fille, il est trop tard pour le refuser. Julie le baptise Jude (comme la chanson Hey Jude !) et Nours tente de lui inculquer quelques notions d’obéissance et de vie en commun. Mais le robot développe aussi une forme de jalousie à l’égard de ce nouveau-venu dans la famille…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après avoir été couronnée d’un prix Artémisia (2015) pour son Glenn Gould, la bordelaise Sandrine Revel revient à une bande dessinée plus enfantine. A priori inspirée par sa relation avec son propre chien, un Terrier de Boston effectivement baptisé Jude, elle raconte ici les premières semaines de relation entre un chien similaire et une fillette orpheline de mère. Evidemment ponctué de tendresse et de bons sentiments, le long récit (56 planches) se la joue tour à tour moralisateur (un chien n’est pas un « cadeau ») et didactique sur les biais de psychologie canine qui fonctionnent pour éduquer correctement un chien (on ne « dresse » pas un chien). Il prend aussi et finalement des accents dramatiques par le biais de la jalousie développée par le robot-ours de Julie. Cette intelligence artificielle hors norme et futuriste apporte beaucoup de malice dans la narration de l’auteure. Elle peut aussi contribuer à décrédibiliser le propos réaliste et pédagogique, tant sa forte personnalité en fait un protagoniste futuriste improbable. Le dessin simple, stylisé et coloré convient au jeune public, tout en utilisant des sortes de textures de fond pastels originales. Il se démarque bizarrement des autres par un parti-pris insolite et moyennement convaincant : les contours de formes réalisés aux traits rouges. L’album se termine par un cahier spécial contenant des conseils et des astuces à l’intention des propriétaires de chiens, ainsi qu’une recette pour confectionner des os en pâte de potiron. Miamwaaff.
