L'histoire :
Lando est toujours éperdument amoureux de Holly, qui lui garde son amitié mais ne lui laisse aucun autre espoir. Les deux amis sont en train de transporter un tableau que Holly a peint pour tante Olympe, vers la très belle maison close où il sera installé, et évoquent leurs souvenirs d'enfance. En arrivant sur place, alors que les conversations portent sur une très ancienne jalousie entre Holly et Saphira, cette dernière frappe à la porte de l'Olympe et s'effondre. Elle vient de s'échapper du Joyau, sa propre maison de passe, alors que les flammes sont en train de ravager le bâtiment. De nombreuses filles ont a priori réussi à s'échapper, mais les pompiers ne peuvent plus entrer dans la maison qui va finir en ruines. Un bruit de verre cassé dans la nuit semble révéler que l'incendie est criminel. Mais les raisons d'un tel acte peuvent être multiples. Sur fond de bandes rivales d'origine mafieuse qui tentent de contrôler la Nouvelle Orléans et les bordels de Storyville, les souvenirs remontent du jour où Holly et Saphira ont été vendues au plus offrant. Deux jeunes filles de treize ans que des hommes ont achetées aux enchères pour leur beauté et leur virginité.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A bien des égards, cette troisième aventure rend la mystérieuse Holly Ann beaucoup plus attachante. Les révélations sur son passé, les flashbacks sur sa jeunesse aux côtés des protagonistes actuels de ses aventures donnent une vraie profondeur à son univers. C'est une belle habileté de la part du scénariste Kid Toussaint, qui avait en quelque sorte caché son jeu jusqu'ici. Comme de coutume pour cette série, l'histoire boucle sur un seul tome, qui dévoile également l'ampleur des enjeux d'argent dans ce quartier de la Nouvelle Orléans où la prostitution est le ressort principal de l'économie. Stéphane Servain prend un plaisir visible à mettre en scène les paysages et les rues de Louisiane, tout comme les silhouettes élégantes de ses personnages féminins. Son trait très léger, nerveux et néanmoins parfois proche d'un premier jet, est remarquablement complété par des couleurs, dont le rôle est prépondérant sur les ambiances. Il est rare de voir un dessinateur doser aussi bien les contre-jours en à-plats noirs, que la flamboyance des couleurs. Comme ces flammes oranges sans contours de la scène d'incendie. Ce nouvel épisode est donc à la fois un plaisir narratif et visuel, qui semble idéal pour ancrer cette série dans la durée.