L'histoire :
En ce tout début de XXe siècle, pour la énième fois, la petite île anglo-normande d’Hyrknoss vient de changer de patrie. Après être restée quelques temps aux mains de l’Empire anglais, elle repasse sous le giron de la république française, représenté par le préfet Hubert et son secrétaire incompétent Léonce. Mais à Hyrknoss, la population – pour le moins bizarre – n’a que faire de ces deux guignols et de ce qu’ils représentent. Seuls comptent à leurs yeux deux personnages vénérés et respectés : la baronne Isadora et son cousin Alexandre. Tandis que l’isolement et l’impuissance du préfet le font fulminer, Alexandre apprend dans un grimoire à maîtriser l’« oniromagie », une science occulte qui lui permet de contrôler les rêves d’autrui. C’est ainsi qu’il pourrit littéralement les nuits du préfet, l’éjectant à son profit des rêves de sa cousine, dont il est en secret éperdument amoureux. Mais Isadora découvre à son tour l’oniromagie, met à mal les manœuvres de son cousin et finit par reprendre possession de ses rêves… où elle aime batifoler avec le préfet ! Mais à trop jouer avec les rêves, Alexandre a réveillé une force maléfique qui se terre dans les recoins obscurs de ce monde. Nuit après nuit, le seigneur des cauchemars terrorise et tue les habitants de l’île…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Sur le même rythme un peu mou que celui du premier tome, Hyrknoss possède une trame originale et hétéroclite qui balance entre deux genres. D’une part, le scénario de François Froideval (Les chroniques de la lune noire) joue avec humour sur l’aspect politique grâce à la mise en scène de l’impuissance d’un pouvoir illégitime sur ses administrés. D’autre part, les aventures oniriques des protagonistes confèrent à la série un caractère fantastique, très proche de celui qu’on trouve dans les œuvres de Florence Magnin. Le graphisme éthéré et coloré d’Andreï Anouchkine y est sans doute pour beaucoup. A plusieurs reprises, le dessinateur d’origine russe étale le contenu du fameux grimoire sur des planches entière et… assez rébarbatives. Par ailleurs, aucun des personnages ne semble animé d’une quelconque animosité. Lorsque, par exemple, Alexandre est pris la main dans le sac de manipuler les rêves d’autrui, il se fait tirer les oreilles et puis basta. Cette légèreté de ton n’aide pas à entrer pleinement dans l’intrigue, que l’on parcourt sans réel enthousiasme.