L'histoire :
Plutôt qu'une biographie de CastelBajac lui-même, cette BD est l'histoire de la rencontre entre Artus de Lavilléon, issu du milieu des fanzines et dessinateur occasionnel, avec JCDC. Un jour de 1998, le premier contact est noué entre les deux hommes, dans des conditions qui restent mystérieuses. Mais on devine une soirée vaguement branchouille des milieux « in » parisiens. Quelques années plus tard, c'est au grand étonnement d'un Artus impressionné par Monsieur JCDC que se ficelle ce qui va devenir une biographie du Maître de la mode par notre loser des années 90. Artus se lance alors, doucement, contant les origines sociales de Jean-Charles, survolant l'enfance à Casablanca autant que l'éducation en internat catholique du jeune JCDC. L'auteur ponctue son récit en interpellant le lecteur pour lui faire part de son angoisse de ne pas être à la hauteur du personnage dont il raconte la vie. Le cœur de l'ouvrage décrit la construction du mythe CastelBajac, et comment le couturier s'est établi une réputation au cours des années 70, imposant son style provocateur, talentueux et charismatique, le tout sur fond de rock' n roll.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En refermant ce livre, on est envahi par un intense sentiment de frustration. Il y avait un énorme potentiel pour faire quelque chose qui suinte le rock' n roll, qui pue la révolte, qui transpire la création. C'est bien tout ça qui caractérise JCDC, non ? Hélas, l'ensemble reste plutôt fade. Pourquoi ça ne fonctionne pas ? Cela est tout simplement dû à un manque de soin. Artus a du se dire « C'est pas grave si s'est fait à l'arrache, ça ferra punk ». Il aurait dû s'inspirer de son talentueux sujet d'étude : les créations de JCDC, c'est du collage, de la provoc, de la couleur, c'est punk, mais ça n'empêche pas que le tout soit très travaillé et fait avec application. Dans les dessins d'Artus (presque tous en noir et blanc), on détecte un réel talent de collage et du sens de la mise en scène (tous les dessins sont des photos collectées de-ci de-là, encrés par l'artiste). Au cours de la lecture, les textes raturés et les fautes d'orthographes ne gènent pas vraiment (en plus ça doit être tendance), mais un peu de finesse dans l'encrage des photos aurait vraiment été la bienvenue. Autre chose qui agace vraiment côté scénario : lorsqu'Artus ne parvient plus à rebondir dans le récit de la vie de JCDC, qui semble parfois l'emm…bêter un poil, sa botte secrète consiste à parler de lui et de son 12m² (c'est plutôt des gros sabots qu'une botte, parce qu'au bout d'un temps on le voit arriver de loin). Seulement, le destin d'Artus est franchement moins scénaristique que JCDC. Mais tout cela est peut-être voulu ? Il subsiste quand même de bonnes idées, mais on aurait tellement voulu que ça dépote !