L'histoire :
Avril 1961. La guerre d'Algérie en est à son crépuscule, lorsque quatre généraux de l'armée française, avec l'aide de quelques centaines de parachutistes, s'emparent du pouvoir à Alger. Refusant une indépendance inéluctable, ils veulent contraindre de Gaulle à arrêter sa politique de négociation avec le FLN. En Algérie, le climat est tendu : arabes et pieds-noirs s'observent... Jacquot, jeune appelé confronté à l'horreur de la guerre, se rend compte, lors d’un accrochage, que la guerre n’est pas un jeu. Thomas, fils de colon et photographe boiteux, rêve de l'OAS. Malika, elle, se voit en combattante pour l’indépendance de l’Algérie dans les rangs du FLN, là où se trouve son amoureux Ali. Quant à Sarah, elle tente d’oublier la bombe qu’elle a posée dans un café d’Alger quelques années plus tôt...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Je vous ai compris est à l'origine un « projet transmédia » conçu pour s'adapter à différents supports : long métrage graphique réalisé avec de vrais comédiens en motion capture et diffusé sur Arte en février, le projet a été ensuite décliné en e-BD pour tablettes, puis finalement adapté en BD après un redécoupage narratif. Si l'histoire, classique mais claire, permet d'entrer facilement dans la complexité de la guerre d'Algérie en intégrant des personnages confrontés à son horreur, à ses contradictions et à une tragédie inévitable, le rendu graphique en revanche commence à interpeller par son originalité, puis finit par rebuter. En cause, cette impression de « lire » un film d'animation et de ne voir qu'un roman-photo presque absurde, qui n'aurait pas trouvé son juste support. Avec ce parti-pris audacieux mais risqué, le résultat aurait dû être celui d'un « réalisme stylisé » intensifiant la vérité et l'évocation de cette guerre tragique entre deux pays. Au lieu de ça, on obtient un objet non identifié un peu irréel et inexpressif (pas un film, pas une BD, pas un roman, pas un roman graphique) offrant le paradoxe d'une image figée dans son mouvement et prisonnière de son support, malgré un intéressant jeu sur le langage. Bref, on est bien loin de la qualité et de l'esthétisme feutré de Valse avec Bachir, référence à laquelle voudrait se raccrocher Je vous ai compris. Le film d'animation suffisait sans doute. Un one-shot dispensable.