L'histoire :
Alors que la Seconde Guerre mondiale vient de s'achever, se pose la question de la création de l'Etat d'Israël. En attendant son avènement, le territoire est administré par les Britanniques sous forme de mandat. Là-bas, vivent de nombreux Juifs en quête de leur propre Etat. Parmi eux, la famille Halaby, déchirée par des divisions internes. Trois frères ont adopté une attitude différente : l'un est militaire, l'autre communiste et le troisième est activiste. Alors que les tensions montent en Palestine entre Arabes et Juifs, la famille Halaby va elle aussi être traversée de conflits, parfois insolubles. Dans un contexte de nationalisme exacerbé et de recours à la violence, les uns vont revendiquer l'établissement d'un véritable état en Palestine et les autres vont organiser la lutte armée. Un seul objectif : la création d'une terre promise...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Jérusalem remonte au moment de la naissance de l'Etat d'Israël, peu après la Seconde Guerre mondiale. Jérusalem, ville trois fois sainte, est à l'époque sous mandat britannique, en attendant l’autonomie complète. Plutôt que de s'attarder sur les détails complexes de l'histoire, Boaz Yakin et Nick Bertozzi y entrent par la porte du portrait familial intimiste, à travers les destins croisés de deux familles et via le regard de Motti et de son cousin. Antagonismes, inimitiés, haines et foi dans un avenir radieux, ponctuent leurs trajectoires balbutiantes, barrées par la guerre ou les intérêts des différents acteurs. C'est aussi la chronique d'un activisme politique dangereux et l'affirmation des revendications nationalistes, avant que la lutte armée ne s'intensifie. Sans parti-pris et en exposant les enjeux clairement, Boas Yakin montre les déchirements et les questionnements puis tente d'émouvoir. Pas sûr, toutefois, que ce pavé éclaire les lanternes du lecteur au sujet du conflit israëlo-palestinien, malgré une introduction très claire et nécessaire. A la limite, qu'importe : les auteurs ont sans doute voulu soulever des problématiques et les confronter à la réalité historique pour tenter d'y voir plus clair. Mais l'ensemble, globalement accessible et plaisant, bien que laborieux ou brouillon parfois, laisse doucement filtrer l'ennui. D'autant que les personnages, nombreux et ressemblants, ne facilitent pas l'immersion. Autre regret : la place de Jérusalem dans le récit, réduite à la portion congrue. Juste un décor, on ne la voit guère ou trop rarement. Heureusement, le graphisme de Bertozzi, expressif et lisible, rattrape l'ensemble en plongeant aisément dans le contexte troublé de la naissance de l'Etat d'Israël. Un album qui vaut le coup d’œil, à défaut d'être toujours passionnant.
