L'histoire :
Zazou s'informe et tombe sur des informations qui la déroutent. Le sucre peut-être une drogue. Des études sur les rats en sont la preuve indiscutable. P'tet que la malbouffe agit comme une drogue, en fait. Et que certains obèses sont des toxicomanes comme les autres. Avec les mêmes altérations dans les même zones du cerveau. Elle trouve un peu par hasard un tract des FA, des food-addicts en rétablissement anonymes, sur lequel il y a une dizaine de questions. A sa grande surprise, ses réponses révèlent des choses sur elle qu'elle ne souhaite pas conscientiser. Elle balance le papier par terre et continue son chemin, furieuse. Bambi la coupe dans son élan pour l'interpeler. En retour, elle aura le droit à de l'agressivité, de la violence et de la mauvaise foi. La routine... Grâce à sa patience et son tact, elle va guider la turbulente vers le chemin de la raison. Pour ça, rien de tel que faire partie d'un collectif qui ressemble à celui des alcooliques anonymes, mais accro à la bouffe trop grasse, trop sucrée et trop salée. Les ellipses permettent la création d'un récit chorale donnant la parole à Winnie la bingeuse compulsive, Némo le mangeur émotionnel, Clochette l'accro au sexe et au sucre... Même si la plupart possède des corps de rêve, ils ont tous des problèmes d'addiction toxique au sucre, aux glucides et à des drogues diverses...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Deux évènements ont poussé Emilie Gleason à se lancer dans la création de Junk Food. Primo, des cousins mexicains lui ont rendu visite en France et ils ajoutaient des cuillères de sucre dans leur Coca Cola. Sans cela, le goût leur semblait un peu fade... Secondo, la lecture de Sucre : l'autre poudre de Bernard Pellegrin, qui évoque l'industrie agro-alimentaire et ses lobbys. Dès lors, l'autrice avait compris que le sucre n'était pas un élément ordinaire et qu'il avait une vraie influence délétaire sur les comportements alimentaires. En 2019, la dessinatrice prend donc contact avec Casterman pour lui proposer son projet. A ses côtés, Arthur Croque, un journaliste, a entrepris de plus amples recherches et l'a aidé à explorer ce monde complexe. Afin de bien se rendre compte du problème et des différents aspects de l'addiction, ils ont choisi de retranscrire des témoignages réels recueillis au quatre coins du monde. Tous sont regroupés autour d'un groupe imaginaire de food addicts anonymes. Ce récit ne peut pas laisser insensible. Il incite vraiment à réfléchir sur sa consommation et celle de son entourage. Dommage que les nombreuses sources chiffrées soient compilées à la fin, et non dans le courant du récit. Cela l'aurait sans doute accru en crédibilité. Au point de vue graphique, c'est autant un point fort qu'un point faible. Le style comics piquera gravement la rétine des puristes de la ligne claire. Pas de case, pas de délimitation, les personnages sont difformes, les couleurs pétantes... Un parti-pris audacieux.