L'histoire :
Nel, Electre, leurs jeunes compagnons et leurs amis animaux, aiment rien tant qu’à rester au pied d’un grand chêne, caché dans la forêt profonde, à écouter des nuées de pies leur raconter des histoires. Mais ce jour-là, Louve grogne, hurle à la mort et mord même la main de Noé. Quel curieux comportement, que se passe-t-il ? Les enfants et les animaux rentrent aussitôt au manoir où ils habitent, une demeure régenté par deux vieilles femmes maternelles, Mo et Calypso. Lorsque les enfants annoncent ce qu’il vient de se passer, Mo et Calypso comprennent avec désarrois que le temps est venu pour eux de découvrir la « ville haute ». La tradition leur impose d’y construire leur avenir et ils devront laisser derrière eux les vestiges de leur enfance : la forêt, leurs amis animaux… Or Nel refuse de grandir et surtout, d’abandonner son sanglier Ulysse. Le lendemain, les enfants se rendent tout de même aux abords de la ville basse, en passant par une grande bâtisse envahie par la végétation. A travers une faille dans un mur, Electre montre à Mel qu’on peut observer la ville haute, l’Empire de Circé. Mel refuse de regarder, cela lui fait peur…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
One-shot, L’arbre aux pies se présente comme une sorte d’allégorie du passage de l’enfance au monde adulte. L’enfance étant représentée par les jeunes héros, la nature luxuriante et la vie en harmonie avec les animaux ; quant à l’adulte, il vit dans un environnement industriel et urbain qui confine au style architectural soviétique. L’homme qui piège l’héroïne de « l’autre côté » est un chasseur, symbole de mort et de perversion de la traque, et il avance masqué, car il est pervers. Le passage s’accompagne d’une mutation du corps de l’héroïne, qui se transforme en cochon, comme pour signifier la souillure. La prise de conscience est possible, car une faille est accessible entre les deux mondes, mais tout retour en arrière dans les conditions et le décorum de la vie d’antan est impossible. L’auteure complète Daria Schmitt croise cette symbolique avec la mythologie grecque, à travers les noms des protagonistes (Electre, Ulysse, Calypso…), le décorum (la fontaine de la métamorphose) et le canevas des évènements. Lors d’un épisode de L’Odyssée, la magicienne Circé transforme effectivement Ulysse et ses compagnons en porcs… avec là aussi l’accouplement pour seule issue. On comprend donc bien les inspirations et la démarche de l’auteur, mais ce récit, très onirique et nébuleux, n’y glane pas grande percussion… et le propos exact reste flou. On se laisse toutefois porter par un dessin doux, appliqué et une colorisation originale, mâtinées de teintes éteintes majoritairement glauques (la nature « verre d’eau ») et rousses (la chevelure de l’héroïne).