L'histoire :
Dans un futur lointain, la Terre est devenue une planète poubelle. Les plus fortunés se sont payés des résidences de luxe sur un satellite artificiel sphérique, recouvert d’un dôme, Avalon. A la surface, des parcs et des jardins sont méticuleusement entretenus par des milliers de petites mains qui vivent dans un dédale de tuyauteries et d’infrastructures crasseuses. C’est là que vit Géo, un jeune homme qui partage son temps entre deux activités. Soit il joue aux échecs contre un robot dans sa piaule exigüe ; soit il est employé, maltraité, du service s’assainissement, pour acheminer les déchets d’Avalon sur Terre. Cet éboueur spatial se retrouve ainsi une nouvelle fois à convoyer une livraison vers un site terrestre de traitement des ordures, lorsque sa navette se met en alerte critique. Est-elle victime d’un dysfonctionnement ou d’un orage magnétique ? Toujours est-il que le jeune éboueur se crashe au milieu d’un no-mans-land désertique et immonde. Il en sort indemne mais ses moyens de communication sont broyés. Sa seule idée : marcher en sens inverse du crash pour essayer de trouver une rivière puis un littoral, qui le mènera jusqu’au site de traitement des déchets. Il se munie d’un sac à dos et de quelques rations de survie et se met en route à pieds à travers les plaines de déchets, les brumes toxiques et les pluies acides…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce one-shot propose l’opposé exact des images dévoilées par la pub pour l’entreprise chimique Rhône-Poulenc dans les années 90. « Bienvenue dans un monde poubelle futuriste ! » Bienvenue sur la Terre que vous prépare Trump et tous les climato-sceptiques qui continuent à croire que notre planète aura une résilience finger-in-the-nose face à la pollution humaine. Le néerlandais Viktor Hashmang nous emmène ici dans une promenade de l’horreur, une allégorie ultime du monde abominable de demain. Dans un futur relativement lointain tout de même, les nantis se sont réfugiés sur un satellite grand luxe, qui continue de polluer une Terre recouverte d’immondices plus toxiques les uns que les autres. Dans ce contexte, un éboueur sans nom (la 4ème de couv nous apprend qu’il s’appelle Geo !) se crashe et entame un périple pédestre survivaliste qui dure 1 an, découpé en 4 saisons. Il ne croise personne, car on ne peut plus vivre sur Terre. Son psychisme s’en trouve profondément perturbé et il se met à penser à voix haute sous la forme d’encadrés narratifs circulaires. Il se parle à lui-même mais aussi aux illustrations qui ornent un bouquin de Shakespeare, la Tempête. Or en fait, l’Arpenteur se trouve être une relecture post-moderne partielle de cette pièce de théâtre, avec sa symbolique adaptée à la décrépitude post-apo et nihiliste. Le découpage séquentiel focalise majoritairement sur cet omniprésent personnage d’Arpenteur qui erre à travers des paysages décharnés, arides, dégarnis, stériles, avec un recours abusifs aux teintes fluorescentes, c’est-à-dire ce qui peut se faire de plus artificiel et chimique. C’est une véritable poésie de l’apocalypse que propose Hashmang, que viennent contrebalancer et renforcer parfois des bribes de nature authentique : papillons, pétales de fleurs, insectes nécrophages… Chouette, vivement demain !
