L'histoire :
1884. L’écrivain Edgar St Preux s’est exilé au fin fond de la Bretagne, sur un littoral désert, balayé par les tempêtes, pour trouver l’inspiration à un nouveau roman. Mais il a vite oublié cette bonne résolution, passionné par le récit que lui relate le vieil homme qui l’accueille à l’ « Auberge du bout du monde ». Alité et souffrant, ce dernier poursuit son histoire des étranges phénomènes ayant eu lieu il y a 50 ans... Il en était resté au retour d’Irena, une jeune fille disparue du village depuis le jour de l’assassinat de sa mère, 11 ans auparavant. Muette comme une tombe elle avait alors montré d’étonnantes facultés de guérisseuse. Après quelques années passées dans la royale à écumer les océans, son fiancé Yann était lui aussi revenu au village. Leur amour intact, malgré les années, était néanmoins gâché par un climat de suspicion entretenu par les villageois. Irena était considérée comme une sorcière et les étranges phénomènes qui s’abattaient sur le village n’arrangeaient pas les choses. En effet les habitants, qu’ils aient du vivre de la pêche ou de la conserverie, disparaissaient un à un quelques temps pour réapparaître plongés dans une étrange torpeur…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Korrigans, Ankou, monstres marins, malédictions… Nous sommes ici confrontés à une formidable légende bretonne (pure beurre), de celles qui nous terrorisent toujours un peu pour n’avoir jamais pleinement dévoilé leurs mystères… brrr ! Construit à partir d’une thématique classique mais efficace, ce second volet joue une nouvelle fois avec nos nerfs. Au milieu de tous ces mystères, l’amour réciproque et inébranlable que se voue le couple de héros, entretient en permanence une lueur d’espoir. Cela ne saurait durer, le troisième et dernier épisode nous plongera certainement dans une profonde mélancolie, au regard de la construction du récit… En effet, à votre avis, lequel de ces protagonistes passés incarne le vieil homme solitaire qui raconte l’histoire au présent ? Au scénario, Tiburce Oger nous soulage tout de même de l’énigme de la disparition d’Iréna. Le suspens doit aussi beaucoup à l’ambiance mystérieuse du graphisme de Patrick Prugne. De nuit, les arrières plans brumeux sentent le varech ; de jour, l’éclairage rasant entretient l’étrangeté des lieux. S’accaparant à merveille le registre des légendes celtique, Prugne livre un superbe dessin en couleurs directes, à l’aide de méthodes « artisanales », comme cela devient rare dans la BD d’aujourd’hui. Tremblez !