L'histoire :
Sous le régime soviétique, Nikolaï est un jeune homme dynamique et talentueux, qui préfère le rock et la poésie aux contingences politiques de son époque. Contraint par l’âge de faire son service militaire, il est envoyé en Afghanistan, tandis que la guerre redouble. En effet, un passe-droit n’est pas dans les moyens familiaux, sans compter que la guitare électrique est trop « occidentale » au goût de sa mère. Il découvre donc les horreurs de ce conflit et doit se conformer aux ordres, au risque d’être fusillé. Un jour, un compagnon d’armes qui tente de violer une afghane sous ses yeux, se fait poignarder par cette dernière. Nikolaï se tait et protège la femme. Plus tard, alors qu’il patrouille dans un village, il est bâillonné et capturé par un détachement ennemi. Il a beaucoup de chance de garder la vie. Les rebelles l’emmènent alors de grotte en grotte, lui offrant de découvrir leur quotidien et leurs idéaux. Pas franchement convaincu du bon droit de ses compatriotes, Nikolaï se fend plus ou moins volontairement d’un « syndrome de Stockholm » et devient peu à peu un pachtoun. Il fait alors la rencontre d’un français, Christophe de Ponfilly, qui filme la guerre au côté des moudjahidines…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce one-shot dessiné par le vétéran du 9e art René Follet est un vibrant hommage à son ami Christophe de Ponfilly, reporter, écrivain et cinéaste, décédé en mai 2006. Initialement, L’étoile du soldat est un film documentaire réalisé par de Ponfilly, rendant lui-même hommage à un pays meurtri, l’Afghanistan. Tout comme la BD, cela raconte l’histoire d’un jeune soviétique plus doué pour le rock que pour la guerre, qui transite de son armée d’origine vers les forces du commandant Massoud. Le titre fait bien entendu allusion, d’un côté à l’étoile soviétique, emblématique de l’armée rouge (d’URSS), et de l’autre aux astres du ciel, métaphore poétiques afghane aux hommes tombées à la guerre. C’est dans cet entre-deux politique que se situe le héros, jeune martyr parmi tant d’autre, et que se retrouve également le lecteur. En effet, si l’on croise de Ponfilly du côté afghan, le propos se garde bien d’épouser une quelconque cause, pour mieux mettre en exergue l’absurdité de cette guerre. Follet adapte ici le film, consciencieusement, en respectant sa forme documentaire. Il n’y a pas de construction narrative alambiquée : ces séquences indépendantes et linéaires mises bout à bout épousent la réalité et rendent l’aventure de Nikolaï particulièrement poignante. L’émotion est d’autant plus forte que Follet (Shelena) met en relief cette aventure humaine avec beaucoup de savoir-faire, sur un rythme et des cadrages impeccables, sans jamais tomber dans le spectaculaire ni le pathos.