L'histoire :
Le docteur Parent est appelé par une de ses connaissances, Mathilde, pour venir en aide à son cousin Edouard. Ce dernier est persuadé d’être poursuivi par une présence démoniaque souhaitant sa perte et sa mort. Sur la route pour rejoindre la Normandie, Mathilde confie au docteur le journal intime de son cousin qu’il s’empresse de découvrir et de parcourir. Au fil des pages, il découvre la santé mentale décroissante d’Edouard, mais également des accès de paranoïa et de délire. Au cours de son voyage, Parent sera confronté à la montée en puissance d’une nouvelle science médicale : l’hypnose. Cette dernière, le docteur Parent en a fait l’expérience. Et alors que certains lui apposent l’étiquette de science du pastiche et de la manipulation, d’autres y voient quelque chose de plus sombre… Quelque chose dont Edouard à fait l’expérience et qui l’aura poussé aux portes de la folie.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Côtoyant Edgar Allan Poe, H.P Lovecraft, Stephen King mais aussi Guy de Maupassant ou encore Victor Hugo, L’homme qui rêvait à l’envers est un thriller psychologique teinté d’ésotérisme plutôt efficace, quoique un brin maladroit. Emmanuel Polanco nous propose une sombre plongée dans le XIXème siècle par le biais d’une enquête fantastique s’inspirant de réels débats ayant eu lieu à l’époque sur la présence du spiritisme dans la société. Mais c’est également l’époque des thérapies et de la psychologie dans le paysage de la médecine moderne, avec des figures telles que Charcot et Freud. Toutefois les différents allers-retours dans la narration et certains dialogues perdent quelque peu le lecteur. Certainement une volonté de nous perdre autant que peuvent l’être les protagonistes, mais l’exercice demande une concentration de tous les instants. En plus de son postulat scénaristique, le dessin de Polanco est une autre curiosité à souligner. L’auteur n’utilise quasiment que trois couleurs différentes (noir, blanc et rose) et quelques aplats de vert (rappelant la présence démoniaque dans Prince des ténèbres de Carpenter). Cette économie de couleurs déstabilise et intrigue comme pour nous plonger dans le même état d’esprit que celui des protagonistes. D’autant plus déstabilisant que lors des accès de folie d'Edouard, sa silhouette se confond et fond dans un aplat de noir qui semble le faire disparaître, absorbé par ses propres angoisses et inquiétudes. En résumé, L’homme qui rêvait à l’envers est un sympathique thriller qui s’appuie sur de réelles problématiques de l’époque, mais qui souffre d’un scénario parfois trop alambiqué, demandant une certaine concentration au lecteur. Plaisant mais exigeant !