L'histoire :
De son vrai nom Roland Picot, « l’original », alias Laurent Perreux est un ancien de l’OAS, puis du SAC, qui a réussi à passer entre les mailles des dissolutions de ces officines politiques. Ce grand type blasé, un peu dégarni, violent par habitude, flingueur à ses heures, exécute encore les basses œuvres de mafieux et de maquereaux, dans le Paris de 1994. L’un de ses commanditaires, « Henri », lui propose alors un coup fumant. Il s’agit de piquer une pleine cargaison d’armes à un groupe de jeunes gauchistes, pour les refourguer à des révolutionnaires nicaraguayens. Après avoir compris que leurs petites manifestations ne permettaient pas de changer le monde, Audrey et Florent ont en effet passé commande auprès de Hicham. Hicham a le plan qu’il faut pour s’approvisionner dans le stock des douanes, dans un simple entrepôt secret, juste à côté de République. Henri met tout ce petit monde en relation, charge à l’Original de rafler la came et faire le ménage. Il ignore que le véritable objectif de la manœuvre est son élimination à lui, jugé trop instable et dangereux. Le jour J, l’entrepôt des douanes est impeccablement braqué. Les douaniers sont neutralisés, les jeunes repartent avec une fourgonnette pleine d’armes. Mais un bête accrochage entre deux camionnettes pousse Hicham à s’enfuir et met la police en alerte. Un engrenage sanglant va commencer…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Vu le pitch du scénario, L’original ne pouvait être qu’un one-shot. Avec ce thriller hard-boiled sombre et violent, Emmanuel Moynot met en scène l’ultime cavale infernale d’un ancien flingueur-barbouze au cuir tanné. Professionnel de la gâchette, déshumanisé par sa formation au sein de multiples terrains de guerre, il emmènera dans sa chute une jeune révolutionnaire communiste qui se dessinait le même destin. Non sans déclencher un bain de sang, évidemment… Afin d’immerger son lecteur dans le juste contexte, Moynot propose au lecteur 4 pages bédessinées en préambule, qui explicitent les organisations politiques et les sigles de l’époque : l’OAS, le SAC, les GAL, les contras… Que des groupes d’enfants de cœurs auxquels a appartenu le héros (fictif) de cette histoire. Son surnom d’Original porte les deux sens : « original » dans le sens de spécimen, parce qu’en 1994, il n’en reste plus beaucoup des comme lui ; « original » parce qu’il n’utilise pas vraiment les biais communs de la facilité pour s’en sortir. Moynot maîtrise les codes de ce genre de récit noir et misanthrope. Vif, spontané, à la limite du rough parfois, son trait de dessin encré, à peine rehaussé d’une ou deux teintes maxi, met assez justement en scène cette cavale, comme à grands coups de couteau.
