L'histoire :
Simon ne s’en remet pas. Deux ans qu’il vit avec Anne, trompettiste de profession, lorsqu’elle lui annonce un soir, sans signe avant-coureur, qu’elle en a marre. Elle le quitte, c’est irrémédiable, elle veut être seule. Les premiers temps, il est très malheureux, il est réduit à devoir discuter avec son poisson rouge… ou avec son binôme de l’université. Car Simon est chercheur, il fait de mystérieuses expériences sur les singes et les souris. Dans un second temps, il ne s’en remet pas plus, mais il se met à travailler beaucoup. Il suit une piste, une intuition dans son domaine de recherche très particulier… Et puis quand il a un coup de blues, il va au pied du nouvel immeuble où Anne loue un nouvel appartement. Et il regarde, il attend, qu’il pleuve ou qu’il vente, bouffé par le spleen. A force d’observation, il finit par connaître la vie de tous les locataires. Charles, le propriétaire de l’hôtel d’en face, sympathise avec lui et lui propose de venir regarder au chaud, dans le hall derrière la vitre. Et puis dans son labo, Simon fait une découverte inconcevable… qu’il décide d’appliquer aussitôt sur lui…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce one-shot de près de 120 pages, se situe à la croisée des genres social et fantastique. Une première moitié d’album focalise sur la détresse inconsolable de Simon, suite à sa rupture d’avec Anne. Le récit ressemble alors à bien d’autres chroniques sociales sentimentales : ça se laisse lire, c’est sympa, les auteurs trouvent des traitements visuels intéressants (la discussion entre deux tasses de café) mais au fond, il n’y a rien de bien nouveau dans le scénario de Fabienne Coste et Guillaume Long. Puis, dans une seconde partie, les auteurs révèlent – sans trop en dire ! – la véritable nature de leur récit, largement inspiré du roman La mouche noire de Georges Langeman, que David Cronenberg a adapté au cinéma sous le titre La mouche… Vous voyez le genre ? Les paramètres fantastiques sont sous-jacents, la chronologie des évènements subtilement instillée… On ose à peine croire ce qu’on devine. Le coma de Simon et son réveil, les souvenirs de « l’autre » apparaissant en flashs, sont autant de séquences originales permettant d’appréhender le sujet et le malaise engendré. Graphiquement, Guillaume Long adopte un trait moderne simple et dépouillé, tout à fait adapté au ton du récit. Mais au-delà des aspects fantastiques, un sillon qui n’est finalement guère creusé, les auteurs trouvent le juste biais pour cerner la maladie d’amour, cette impuissance à guérir d’une détresse profonde et irrémédiable résultant d’une rupture, à vouloir en crever. Joli coup !