L'histoire :
Aujourd’hui, c’est un grand jour pour les Gomez. Ils ont rendez-vous chez le notaire pour toucher l’héritage de la vieille tante Isoline, que le père de famille Indalecio n’a plus revu depuis l’enfance. Quelques bouchons et un énervement plus tard, ils sont dans le bureau du notaire. Ce dernier leur annonce que l’héritage comprend deux lots : d’un côté la totalité des propriétés dans la commune d’Antelo, de l’autre quelques biens acquis récemment. Eut égard à l’attachement d’Indalecio Gomez pour la propriété familiale, il revient à ce dernier de choisir lequel des deux lots il souhaite emporter, l’autre revenant à la cousine Amalia, qui a toujours rejeté la famille. Evidemment, Indalecio fait le mauvais choix : il hérite d’une bicoque en ruine, sur un terrain pourri, tandis que la cousine gagne 5 appartements tout neufs et 7 places de parking. Sur place à Antelo, la famille Gomez constate le délabrement effectif d’une demeure abandonnée depuis plus de 20 ans. La rénovation coûterait une fortune… et refaire construire à la place est désormais interdit par la loi, étant donné les limites du terrain. Ils songent alors à vendre… Mais le maire – également le principal propriétaire foncier de la commune – ou encore l’entrepreneur local, leur propose une bouchée de pain. Sans compter qu’en retournant le terrain, ils découvrent les fondements de vestiges celtes…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Au fil de ses albums, Miguelanxo Prado semble avoir fait une spécialité de notre « barbarie sociale » moderne (cf. ses Chroniques absurdes). Dans le registre des sujets de sociétés aberrants, il tire cette fois une sorte de pamphlet à l’encontre tout à la fois de la rapacité ordinaire, de la perfidie immobilière, de la bêtise urbaine, avec un cynisme jubilatoire. Car si les Gomez sont cupides et lourdauds, ils n’en demeurent pas moins des monsieur-tout-le-monde en proie aux turpitudes administratives et aux magouilles foncières courantes. Le pire, c’est que ces mésaventures sont à la fois caricaturales et finalement fort peu éloignées de la réalité. De ces comportements, on s’amuse volontiers, on fulmine aussi un peu… L’homme est-il donc si laid ? Dans tous les cas, Prado appuie là où ça fait mal, avec tout le talent qu’on lui connait. Son coup de crayon rapide ne l’empêche pas de toucher juste également, notamment dans les apparences physiques des différents protagonistes. La mère bourgeoise, les rejetons mécréants, le maire arrogant et omnipotent, l’entrepreneur blasé, le fonctionnaire désabusé… tous sont très habilement campés par un sens de la caricature réjouissant. Une chronique cynique et abominablement juste de la vie moderne…