L'histoire :
Il y a bien longtemps en Bretagne, un druide dépose un bébé, une petite fille, aux portes d’un presbytère. Une consigne impérieuse : ne jamais la laisser dans l’obscurité, car « l’ennemi habite les ombres de la nuit, prêt à la posséder ». Après des années d’éducation lumineuse au couvent, la belle et mystérieuse princesse Titiana, sur qui nul regard n’a le droit de se poser, est promise en mariage au roi de Cornouaille. Or, durant le voyage qui l’amène à son époux, son escorte ne peut empêcher la belle de s’enfuir, tandis que la troupe passe à proximité d’une forêt. La diaphane Titiana découvre alors pour la première fois la nature et batifole gaiement à travers ses merveilles. Les tentatives des preux chevaliers pour la retrouver sont immédiatement réfrénées par les sortilèges qui hantent les sous-bois. L’on prévient donc le roi de cette tragique disparition. Sur les conseils de son mage Merlin, ce dernier fait alors recruter une équipe susceptible de lui ramener sa promise : un guerrier (l’expérience), un paladin (la jeunesse), un ogre (l’instinct) et un moinillon (l’innocence). Il leur faut faire vite : les princes voisins arrivent déjà au royaume pour les festivités de la noce ! Dès leur entrée dans la forêt, les 4 mercenaires doivent éviter les ruses des sorcières…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L’acteur Vincent Perez au scénario ?? J’en vois deux ou trois qui pouffent au fond de la salle « et pourquoi pas Laurent Gerra, tant qu’on y est ? » Faites taire les préjugés : ce récit féerique en one-shot est réellement enthousiasmant. Certes, Perez ne révolutionne pas la forêt magique de Brocéliande, c’est même juste tout le contraire : il s’empare des composantes de la mythologie celtiques pour en dérouler une quête habilement emmenée, dense et fort plaisante. Magie, sortilèges, galerie de personnages pittoresques (la troupe de mercenaires, Merlin, la fée Viviane, la reine Morgane, des sorcières…), tous les ingrédients sont ici réunis pour vous faire passer un agréable moment de lecture, non dénué d’humour. Au premier chef, les nombreuses et truculentes maximes qui jonchent les dialogues : « l’esprit a beau faire plus de chemin que le cœur, il ne va jamais aussi loin » ; « ce ne sont pas ceux qui savent le mieux parler qui ont les meilleures choses à dire » ; « cheveu sale fait le mal ; cheveux sain fait le bien ». Evidemment, lorsqu’un conte pareil est mis en image par les courbes enluminées de Tiburce Oger, ça aide ! Le dessinateur de Gorn renoue ici avec l’imaginaire féerique, avec tout le talent qu’on lui connait. Il livre 85 planches de pur bonheur visuel, parfois entrecoupées de cases géantes, riches en détails, qui sont autant de tableaux merveilleux sur ce thème fantastique (Titiana dans la forêt, Merlin dans son laboratoire, l’arrivée du prince en ville, le château lugubre de l’Ankou). Seul, peut-être, le bref passage aux enfers est un ton en-dessous du reste, mais globalement, cette Forêt est un émerveillement. Si Vincent Perez avait la bonne idée de réitérer l’expérience dans le 9e art, il serait le bienvenu !