L'histoire :
Années 1920. Settimo Orsù, un bûcheron corse en exil, débarque en bateau en Indochine sous une chaleur accablante et moite. À son arrivée, il est pris en charge par le Commissaire Alceste Lesueur et ses deux adjoints : Ledantec et Thanh Hiep. Très vite, Settimo comprend que la situation en Indochine est difficile et que l’insurrection gronde. Son rôle en tant que bûcheron sera d’encadrer les travailleurs dans une plantation du bord du Mékong. C’est dans les plantations que les rancœurs contre l‘empire français naissent le plus facilement au travers des conditions de travail difficiles. Il est donc aisé pour des groupes dissidents de se fondre au sein de la centaine d’indigènes qui travaillent dans ces immenses exploitations pour y planter la graine de la révolte. C’est d’ailleurs ce que fait celui qu’on nomme « Le Corbeau Des Cendres ». Il officierait dans la plantation de Madame de la Souche, une propriétaire à l’indécrottable idéalisme. Settimo a donc pour mission de débusquer l’agitateur. Mais petit-à-petit, ses préjugés d’occidental arrogant s’érodent au contact des locaux et surtout d’un garçon étrange, Chân Ly. Mais les pouvoirs de chaman de ce dernier, ainsi que son grand-frère engagé dans la dissidence politique, se heurtent rapidement à la violence intrinsèque de cette société coloniale. La tension monte, la répression policière s’intensifie et, bientôt, chacun devra choisir son camp...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Prolongement du mini-récit éponyme sélectionné en 2005 au Concours Jeunes Talents du Festival International de Bande Dessinée d’Angoulême, La querelle des arbres prend la forme d’une fresque historique tout étant mêlée d’aventure et d’action. Pour ce faire, le duo de scénaristes Renaud Farace et Amaya Alsumard revisite la société coloniale indochinoise d’antan grâce à un savant mélange des genres. Ainsi, le récit alterne les univers policiers, politiques, l’aventure, le tout via un prisme de vision volontairement tourné vers le mysticisme et l’écologie. On sent que les auteurs ont voulu mettre en place un scénario solide qui dépasse le simple cadre historique pour donner au lecteur matière à réfléchir, notamment dans le changement de point de vue occidental de Settimo au contact de la population locale et surtout du jeune chaman, Chân Ly. En ce qui concerne les dessins, les traits crayonnés de Renaud Farace sont plutôt bien agencés et les couleurs chaleureuses de Drac, collent parfaitement aux ambiance exotiques du récit. Au final, cette Querelle des arbres est une bande-dessinée remarquablement ficelée qui, au-delà d’un véritable pamphlet anticolonialiste, explore différents genres avec, en toile de fond, l’acceptation de l’autre contre un patriotisme exacerbé et violent. Une œuvre à mettre en toutes les mains.