L'histoire :
Suite à une panne de bus, Manuel décide de finir son trajet à pied, pour rejoindre l’hôtel Leon d’Oro, où il est attendu pour une formation. L’idée de se balader un peu dans ce coin un peu perdu d’Italie n’est pas pour lui déplaire. Quelques vers d’Arthur Rimbaud lui reviennent en mémoire. Il arrive à un village où il prend une bière en terrasse. Sur le comptoir du bar, figure une statuette à l’effigie de Mussolini. Mais il s’en moque, il profite d’un moment hors du temps. Soudain les rares clients présents assistent à une altercation entre un homme et le conducteur d’un pick-up qui descend de voiture et le gifle après l’avoir menacé. La voiture repart très vite et Manuel se renseigne. Le conducteur en colère habite une villa magnifique. Sa femme est très belle et la victime de la gifle est connue comme l’idiot du village, qui traine souvent devant les grilles de la maison, à observer ce qui s’y passe. Lorsqu’il reprendra sa route à pieds, Manuel va passer devant la superbe propriété et entendre le bruit d’un corps qui plonge dans l’eau. Il décide de s’approcher et de sortir son appareil photo...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La promenade de Manuel dans un coin perdu d’Italie va réserver beaucoup de surprises. L’album qui la raconte est construit comme un épisode de série, dont il est difficile de décrocher. La page de titre arrive d’ailleurs comme un générique après une mystérieuse séquence d’introduction de quelques pages qui nous met dans l’ambiance. Marino Neri utilise un découpage extrêmement cinématographique : les ellipses sont présentes, mais chaque passage est raconté avec une suite de mouvements rapprochés, plus proche des standards narratifs des mangas dans la succession des plans et la création de l’atmosphère. On accroche directement et on lit très vite, ce qui fait que les quelques 150 pages sont avalées rapidement. Mais le suspense monte sur plusieurs plans, car absolument rien ne se passera comme prévu. Le dessin de Neri n’a rien de techniquement exceptionnel, mais sa sobriété est une force qui lui permet d’accentuer les moments de tension avec des effets a priori simples, mais percutants. L’auteur n’est plus un débutant, il a visiblement décidé de rester dans une forme de simplicité graphique et de tout miser sur ses effets de lumière, de changements de plans. C’est plutôt habile, même si on ne reste jamais devant une page pour s’extasier de sa beauté graphique. En tout cas, une fois le livre terminé, on a envie de le passer à quelqu’un en disant « tiens tu devrais lire ça c’est pas mal ». C’est donc plutôt réussi !