L'histoire :
États-Unis d’Amérique, la guerre fratricide opposant Nord et Sud fait des ravages. Depuis si longtemps, d’ailleurs, que quelques soldats Confédérés préféreraient y laisser définitivement leur peau plutôt que de s’adonner un jour de plus à cette boucherie. Dans ces conditions, seules les mystérieuses mixtures de Mac conduisent à nouveau au combat, dans un nouvel élan de folie : on tue assoiffé de mort ou on sombre dans le néant… avant d’en être tiré par quelques lutins qui font les poches des soldats morts au combat. Rêve ou réalité ? En tout cas le sergent y a bel et bien laissé sa montre à gousset. Pour l’heure, lui et les 3 autres survivants doivent rejoindre un autre front où, sous les ordres du capitaine Goodbird, une mission leur est rapidement confiée : ils doivent kidnapper un haut gradé Yankee qui a ses habitudes dans un bordel de la région. Vite repéré, le bonhomme n’a guère le loisir de prendre du bon temps. Aussi, après quelques coups de révolvers pour se débarrasser de ses compagnons, les soldats sudistes le passent rapidement à la question : le lieutenant Yankee semble en effet connaitre l’emplacement d’un trésor de guerre constitué d’or. Wallace Goodbird compte bien lui faire cracher le morceau pour s’enrichir aux dépens des 2 armées. Mais attention, beau capitaine : l’or n’attise pas uniquement la cupidité humaine. Il est aussi un doux parfum pour le petit peuple qui hante le bayou : tu vas devoir coopérer ou lutter…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le mélange des genres est un exercice périlleux, qui peut diversement combler de plaisir ou dégouter. La cuisine en est le plus bel exemple et la sauce à la menthe anglaise pour accompagner une viande, celui qui invite, à ne jamais s’y essayer... En réunissant dans sa gamelle un western et quelques orques, centaures ou autres fées, Antoine Ozanam a joué l’originalité pour une aventure humide au cœur du bayou. Sur fond de guerre de sécession, des soldats abreuvés de potions bizarres et quelques dissidents du petit peuple se mettent parallèlement en quête de gros lingots. Bien vite les 2 univers se côtoient en un jeu de dangereuses manipulations. Si ce concept dépaysant est loin d’être une mauvaise idée, il n’emporte pas totalement notre adhésion. En cause, un découpage brouillon et coq à l’âne de l’intrigue, qui rend l’action décousue : le mariage des deux univers ne s’en sort pas réellement valorisé. En outre, à vouloir montrer des personnages profondément détruits intérieurement, Antoine Ozanam les rend tout singulièrement antipathiques, pas attachant pour deux sous. Ce sentiment est d’ailleurs renforcé par le dessin en couleurs directes (un poil fades) et sans encrage de Lelis, qui esquisse des figures aux yeux constamment fendus, aux mâchoires chevalines démesurées… Ce choix graphique perturbe lui aussi la lisibilité du récit. On aurait pourtant aimé adhérer à ce petit pari… Sans être indigeste, Last Bullets ne réussit pas à séduire vraiment.